Go Sport : la décision du tribunal concernant l'avenir de l'enseigne sera connue ce jeudi

Le distributeur d'articles sportifs Go Sport est-il en cessation de paiement ? Le tribunal de commerce de Grenoble se penchait ce lundi 16 janvier sur le dossier de ce groupe fondé en 1978 à Sassenage (Isère), qui emploie 2 160 salariés en France. La décision a été mise en délibéré et sera connue ce jeudi.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

L'audience a débuté à 9 heures ce lundi au palais de justice de Grenoble, non loin du siège du groupe, qui se situe à Sassenage, en Isère. Elle se déroulait à huis clos. Voici ce qu'il faut savoir sur cette audience.

Les représentants du personnel en colère

Quelques représentants du personnel étaient présents lundi matin, se déclarant "révoltés et en colère".

 

On est en colère par rapport à ce qu’ils nous ont fait et à ce qu’ils continuent de faire. Là, on n’en peut plus, les nerfs ont lâché, on a envie de dire la vérité. On attend un délibéré juste, et qui sauve nos emplois.

Laurence Labaurie, représentante syndicale FO de Go Sport

France 3 Alpes

Les dirigeants de la maison-mère Hermione People and Brands (HPB), pour leur part, n'ont pas souhaité s'exprimer. 

L'audience était consacrée à l'examen du dossier remis le 9 janvier par le juge enquêteur mandaté fin décembre pour "faire un état précis de la situation financière" du groupe et de sa filiale Go Sport France, avec l'aide de ses cabinets d'audit et de ses commissaires aux comptes.

La décision des juges a été mise en délibéré et sera communiquée ce jeudi 19 janvier dans la matinée, selon l'avocate du comité social et économique central (CSEC) de Go Sport, Me Evelyn Bledniak : "Le résultat sera connu le jeudi 19. Durant cette audience, on a largement discuté de la situation à la fois au 31 décembre et aujourd’hui car entre temps Go Sport a fait un certain nombre de propositions pour améliorer la trésorerie de l’entreprise et c’est l’ensemble de ces éléments qui est aujourd’hui remis au tribunal. Les dirigeants sont confiants sur la situation et considèrent qu’il y a une possibilité de cession et qu’un redressement judiciaire serait préjudiciable." 

Quelles conclusions pour le juge enquêteur ?

Fin décembre, la justice avait entendu une première fois les différentes parties, puis chargé un juge enquêteur de "faire un état précis de la situation financière" du groupe et de sa filiale Go Sport France, avec l'aide de ses cabinets d'audit et de ses commissaires aux comptes.

De fait, les points de vue divergent diamétralement entre les représentants des salariés, qui craignent le pire, et la maison-mère Hermione People and Brands (HPB), qui l'avait racheté fin 2021 pour un euro symbolique et s'affiche optimiste.

Les dirigeants de HPB martèlent que Go Sport "n'est pas en état de cessation de paiement" et que sa situation n'a rien à voir avec celle de Camaïeu, liquidé de manière abrupte fin septembre. Après "17 années de pertes", Go Sport devrait renouer avec les bénéfices "dès 2023", assure Wilhelm Hubner, le président de HPB.

Un nouveau patron depuis début janvier

Le 3 janvier, les dirigeants de Hermione People and Brands (HPB) ont annoncé l'arrivée à la tête de l'enseigne d'un spécialiste en restructuration d'entreprises en difficulté, Patrick Puy, auparavant patron du fleuron déchu du textile Vivarte (Caroll, Minelli, La Halle, Naf Naf, Chevignon...) ou encore de Brandt-Moulinex, surnommé le "cost killer de choc" par le quotidien L'Humanité en 2017. Sa mission : "poursuivre la nécessaire transformation" de l'entreprise, selon HPB.

A l'inverse, les salariés de Go Sport, et surtout leurs représentants syndicaux ainsi que le comité social et économique central (CSEC), s'inquiètent de la situation : des commissaires aux comptes et un expert mandaté par ce CSEC avaient fait des constats sévères.

Il y a des choses qui nous échappent sur la situation économique du groupe,

un délégué syndical Go Sport CGT

Ils avaient en effet estimé que l'entreprise était en cessation de paiement sur la période octobre-novembre et s'étaient alarmés d'une remontée de 36 millions d'euros de trésorerie de Go Sport vers HPB. Le CSEC espère "que la lumière sera faite". "Il y a des choses qui nous échappent" sur la situation économique du groupe, a estimé mercredi auprès de l'AFP un délégué du premier syndicat de Go Sport, la CGT, sans vouloir être cité nommément. Selon lui, la mission de Patrick Puy est de trouver un repreneur à Go Sport plutôt que de redresser le groupe.

L’acquisition surprenante de GAP France par Go Sport

Autre motif d'inquiétude : HPB a annoncé jeudi "l'acquisition de GAP France par Go Sport", une opération présentée l'avant-veille "auprès des CSE extraordinaires des deux entreprises", selon un communiqué.

Cette acquisition a "pour objectif de renforcer l'activité Lifestyle et Sportwear de ces deux marques de HPB, tout en préservant des stratégies spécifiques", selon la même source.

Le montant de ce rachat, 38 millions d'euros, "laisse perplexe, car il n'y a pas de clarté sur la valorisation de GAP, qui connaîtrait aussi des difficultés", a dit jeudi à l'AFP l'avocate du comité social et économique central (CSEC) de Go Sport, Me Evelyn Bledniak.

L'opération elle-même "interroge tout le monde", car HPB avait justifié la ponction sur la trésorerie de Go Sport par la nécessité de financer "une opération de croissance externe", selon les termes de la direction. Or, "c'est une opération interne au groupe HPB. On peut dès lors se poser légitimement des questions sur la façon dont HPB a cherché à couvrir ou régulariser les sommes transférées".

Enfin, selon le quotidien Le Parisien paru samedi, Wilhelm Hubner pourrait aussi avoir à s'expliquer lundi sur le généreux contrat de sponsoring conclu en janvier 2022 entre Go Sport et le Vélo Club de Roubaix Lille Métropole, qu'il préside.

La chaîne de prêt-à-porter Camaïeu, détenue par HPB - la branche distribution de la Financière immobilière bordelaise (FIB), le fond d'investissement de l'homme d'affaires bordelais Michel Ohayon - a été placée en liquidation fin septembre par le tribunal de commerce de Lille et ses 2.100 salariés ont été licenciés.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité