Les travailleurs sans-papiers seraient plus d'un millier en Isère. Dans les années 2008-2009, la CGT les avait aidés à créer leur propre syndicat à Grenoble. Qui a obtenu la régularisation de plus d'une centaine d'entre eux. Mais depuis 2016, le dialogue avec le Préfet semble difficile.
Ce 4 juin 2019, Abou, travailleur sans-papiers grenoblois, est convoqué à la Préfecture. Craignant d'être interpellé par la Police, il s'est entouré de ses camarades de la CGT.
Abou ressort de la Préfecture avec une Obligation de Quitter le Territoire Français. Il peut désormais être renvoyé au Sénégal d'une heure à l'autre. Avec interdiction de retour en France pendant 3 ans.
Pourtant, Abou nous présente sa promesse d'embauche très officielle, ainsi que de très nombreuses fiches de paye. De quoi obtenir sa régularisation, selon la CGT. Qui va l'aider à déposer un recours devant le tribunal admisitratif.
Plus d'un millier de travailleurs sans-papiers en Isère ?
Le père et le grand-père d' Abou avaient la nationalité française. Lui est arrivé en France il y a 18 ans.
Pour travailler, et envoyer de l'argent à sa femme et leurs quatre enfants restés au Sénégal.
Les travailleurs sans-papiers seraient plus d'un millier en Isère. Beaucoup dans le BTP. Comme Abou. Et Hamza, peintre depuis 10 ans. Lui n'est même pas déclaré.
Dans les années 2008-2009, les travailleurs sans-papiers de la région parisienne avaient déclenché de grandes grèves dans le BTP et la restauration notamment. Leur mobilisation était telle que plusieurs patrons avaient fait pression sur le gouvernement pour les régulariser.
Quelques années plus tard, François Hollande, devenu Président de la République, assouplissait quelque peu les critères de régularisation à travers la "circulaire Valls" de 2012.
Parallèlement, à Grenoble, le syndicat CGT aidait les travailleurs sans-papiers à créer leur propre syndicat multi-professionnel.
Un accord avec le Préfet de l'Isère ?
Ce syndicat, unique en son genre en dehors de Paris, affirme avoir négocié un accord (verbal) avec le Préfet de l'Isère.
Plus d'une centaine de travailleurs sans-papiers auraient ainsi été régularisés sur les 3 critères de la circulaire Valls : ancienneté de présence en France, preuves de travail, promesse d'embauche.
Mais depuis 2016, le dialogue semble de plus en plus difficile.
Le pouvoir "discrétionnaire" du Préfet
La Préfecture n'a pas jugé utile de nous recevoir à ce sujet. Mais elle nous a transmis quelques éléments d'information.
En résumé, les dossiers déposés par la CGT relèvent bien des dispositions de la circulaire Valls du 28 novembre 2012. Les demandes, examinées au cas par cas, doivent répondre aux conditions énumérées par la dite circulaire.
Mais la Préfecture ajoute : "Néanmoins, l'admission exceptionnelle au séjour relève en tout état de cause du pouvoir discrétionnaire des préfets".
"Une organisation syndicale ne peut être privilégiée au détriment d'autres structures (...) ou de personnes qui ne feraient l'objet d'aucun accompagnement."
La CGT répond qu'elle ne demande aucun traitement de faveur, mais l'application des accords passés avec les Préfets précédents.
Si vous êtes concernés...
Sachez que le syndicat CGT des travailleurs sans-papiers tient une permanence tous les vendredis après-midi à partir de 16H au 6ème étage de la Bourse du Travail 32 avenue Europe 38030 Grenoble.
Vous pouvez contacter le syndicat par cette adresse : tspcgt38@orange.fr