Dans deux courriers envoyés ce 7 mai, Eric Piolle fait part de son inquiétude aux directions des géants de la livraison Uber Eats et Deliveroo. Pour le maire écologiste de Grenoble, le fonctionnement de ces deux entreprises a des "répercussions préjudiciables" à la ville.
Ce vendredi 7 mai, le maire écologiste de Grenoble a fait part de son inquiétude dans des lettres adressées aux deux PDG d'Uber Eats et Deliveroo en France. Il interpelle les deux dirigeants sur les conditions de travail des livreurs et les « répercussions » du fonctionnement des plateformes sur la ville de Grenoble.
Eric Piolle réclame plus de sécurité. S’adressant directement à la direction des plateformes de livraisons, il demande des mesures concrètes. Comme un accompagnement sur « le bon entretien de leurs outils de travail (réparation et entretien des vélos en particulier) afin de réduire les accidents de la route. » Ou encore, la prise en compte dans les délais de livraison de « la nécessité de respecter les règles routières, les limitations liées aux zones piétonnes et les intempéries ».
Reste que les souhaits les plus ambitieux de l’édile, sont la volonté de mise en place d’une « rémunération garantie avec un minimum horaire » et une protection sociale pour les coursiers.
? Vous êtes nombreux à vouloir mon courrier aux pdg de #uber et #deliveroo, voici. En France, le gouvernement protège les plates-formes plutôt que les travailleurs... Ça bouge en Italie, Espagne, Grande Bretagne: ici aussi, refusons de laisser l'uberisation infuser partout!⬇️ pic.twitter.com/ENcdMQGm7V
— Éric Piolle (@EricPiolle) May 14, 2021
Sollicité par téléphone, Uber Eats France nous a répondu par mail : « Nous allons poursuivre nos échanges avec la mairie dans le cadre d’une approche collaborative. Nous voulons répondre aux enjeux soulevés tout en continuant à soutenir l'activité des livreurs qui utilisent notre application ».
La plateforme de livraison souligne également, pour la prévention routière, la mise en place depuis deux ans, d’"ateliers d’information et de sensibilisation dispensés par des associations partenaires dans différentes villes françaises".
« On salue la démarche »
Même si la prise de position du maire de Grenoble est, « un coup de com » estime Ludovic Rioux, secrétaire du syndicat CGT Uber Eats Deliveroo à Lyon, « on salue la démarche ».
Pour Ludovic Rioux, la lettre d’Eric Piolle est « un poids supplémentaire dans le rapport de force avec les plateformes ». Aujourd’hui, le syndicat multiplie les actions, mais ne parvient toujours pas à dialoguer avec Uber Eats ou Deliveroo.
Dans ses lettres, le maire de Grenoble indique également "être en train d’étudier la création d’un lieu de ressources, notamment juridique, pour accueillir les coursiers".
Un local, qui serait un lieu de repos avec un accès à des sanitaires, situé dans le centre-ville de Grenoble. La municipalité espère une ouverture de cet espace avant l’été prochain.
La solution des plateformes coopératives ?
Dans le secteur de la livraison de repas à domicile, émergent de plus en plus d’alternatives aux plateformes. À Grenoble, le collectif Sicklo a été créé en 2018 avec l’ambition de prendre le contre-pied de la concurrence.
En partenariat avec CoopCycle, une fédération européenne des coopératives de livraison à vélo, elle se présente comme plus soucieuse des conditions de travail.
Malgré tout, la solution à la précarité des livreurs Uber Eats ou Deliveroo, n’est pas si simple, selon Ludovic Rioux : "Ces alternatives n’ont pas les mêmes moyens que les grosses plateformes de livraisons », affirme-t-il. « Leur modèle économique ne correspond pas à tous les livreurs."
Pourtant, l’activité de la plateforme Sicklo s'est envolée depuis le premier confinement. Selon la cofondatrice, Tifaine Maillioux, ce succès "montre que c'est un modèle qui peut marcher et créer de l'emploi."