Chaque année au printemps, chèvres et moutons sont invités à manger en ville. Grenoble a choisi l'éco-pâturage pour entretenir certains espaces verts depuis déjà 8 ans. Une méthode très écolo qui a fait ses preuves mais qui peut avoir ses limites.
C'est désormais une tradition à Grenoble. Chaque printemps, chèvres et moutons débarquent à La Bastille pour tondre et débroussailler. Cette année, 4 chèvres et 4 moutons sont à pied d'oeuvre depuis le 19 avril. Ils resteront jusqu'à l'automne pour entretenir les espaces verts. C'est ce qu'on appelle l'éco-pâturage ou écopastoralisme.
A Grenoble où elle est utilisée depuis 2014, cette méthode a fait ses preuves. Elle ne génère pas de déchets verts, n'impacte pas la qualité de l'air (contrairement aux tondeuses et autres débroussailleuses particulièrement polluantes), préserve la biodiversité. Elle permet de nettoyer des endroits parfois difficiles d'accès (les chèvres sont de véritables cabris !). Elle est silencieuse. Et la campagne qui s'invite à la ville, c'est très apprécié des promeneurs et touristes.
Pour Bérangère Ronzon éleveuse de petits ruminants à Eyzin-Pinet, en Isère, c'est aussi un moyen de mieux faire connaître les animaux et de travailler à la préservation de certaines races. Elle loue ses chèvres et moutons à des entreprises, des collectivités et même des particuliers et elle cherche à mettre en valeur des races dîtes "à petit effectif" comme la chèvre du massif central qui a failli disparaître à la fin des années 80 ou la chèvre du Rove. Bérangère possède également une vingtaine de brebis marrons des Aravis. "Il reste moins de 500 individus en France" explique-t-elle.
Pour Bérangère, sous contrat avec la ville de Grenoble pour la troisième année consécutive, l'écopastoralisme, c'est le meilleur moyen d'entretenir les espaces verts. Sur les coteaux de La Bastille, chèvres et moutons se complètent. Et tout y passe ou presque, l'herbe, les ronces et les arbustes. Seules les plantes très toxiques échappent aux mâchoires des ruminants. Une bonne solution pour prévenir les risques d'incendie mais il faut gérer les bêtes prévient Bérangère car elles sont voraces, surtout les chèvres qui par ailleurs dégradent un peu les sols car elles "grattent et piétinenent", prévient l'éleveuse. Si vous voulez préserver des orchidées, il va falloir leur barrer la route !
L'autre limite à l'éco-pâturage, c'est... la bêtise des hommes ! Bérangère, qui met également ses bêtes en pâture dans le parc des Champs-Elysées (parc Bachelard) à Grenoble a eu plusieurs soucis. L'an passé, par exemple, des promeneurs se sont amusés à introduire leur chien de berger dans l'enclos pour voir comment il se comporterait. Résultat, Bérangère a dû faire euthanasier une brebis dont la jambe était à moitié arrachée. Et ce n'était pas la première fois. "L'animal n'est pas une peluche, explique l'éleveuse, c'est un être sensible." Pour s'assurer de la bonne santé de ses animaux, Bérangère fait des visites régulières. A Grenoble, elle vient une fois par semaine. Le reste du temps, ce sont les jardiniers du service Nature en ville qui veillent à apporter de l’eau, surveiller et déplacer le troupeau, entretenir la clôture et l’abri. Car les animaux ont besoin de soins.
Enfin, même si la pratique se développe en ville de plus en plus, tous les espaces verts ne se prêtent pas à l’écopâturage. Certains sont trop petits, d'autres ne sont pas adaptés, comme les terrains de sport ou aires de pique-nique.