L'équipe de la MC2, la maison de la culture de Grenoble, a appris, fin avril par voie de presse, une baisse de ses subventions allouées par la Région. Un manque à gagner de 120 000 euros motivé par un rééquilibrage territorial, mais qui risque d'impacter la programmation.
Cette saison, les spectacles bourgeonnent à la MC2. Le premier équipement culturel des Alpes cumule plus de 80 événements mêlant musique, danse et théâtre. Pourtant, fin avril, l'équipe a appris par la presse locale la baisse de 120 000 euros de la contribution de la Région.
Sophie Rotkopf, adjointe régionale à la culture, se justifie en expliquant que "60 % des subventions régionales sont captées par les structures culturelles des grandes métropoles. Or, la plupart de leurs manifestations n'irriguent pas sur le reste des territoires et ont surtout un public très urbain".
Si je supprime une partie de ma programmation, c'est bel et bien les structures les plus fragiles, notamment les compagnies, qui vont se retrouver impactées.
Arnaud Meunier, directeur de la MC2
Pour Arnaud Meunier, directeur de la MC2, cela ne tient pas debout : "Nous avons des tournées en Isère, nous avons joué en zone rurale et dans les montagnes. Evidemment, on travaille bien au-delà du territoire de Grenoble. Et par ailleurs, nos publics viennent de bien au-delà du centre-ville de Grenoble."
"Si on m'enlève 120 000 euros et que j'agis uniquement en bon gestionnaire, je n'ai pas d'autre solution que de supprimer une partie de ma programmation. Si je supprime une partie de ma programmation, c'est bel et bien les structures les plus fragiles, notamment les compagnies, qui vont se retrouver impactées", explique-t-il.
L'absence de réponse
Alors que le budget a été voté en décembre, la métropole grenobloise regrette, elle aussi, un manque de concertation qui va pénaliser la création artistique. "Le manque de financement régional représente un tiers de la programmation du dernier trimestre. Ce n'est pas sans conséquence, notamment pour la production et la diffusion de la création artistique", note Laëtitia Rabih, conseillère métropolitaine déléguée à la politique de la Ville et présidente du conseil d'administration de la MC2.
Christophe Ferrari, président de la Grenoble-Alpes métropole, regrette la manière dont il a appris la nouvelle : "J'ai écrit à Laurent Wauquiez et je n'ai obtenu aucune réponse. Je trouve que, quand on coopère entre collectivités, on n'apprend pas les choses par la presse. On sait se contacter, on sait s'appeler, on sait s'informer. Je regrette cette façon de faire, la méthode n'est pas acceptable."
Je demande de pouvoir dialoguer avec la Région, pour comprendre ce qu'il se joue derrière une telle baisse.
Arnaud Meunier, directeur de la MC2
La Région, qui n'a pas répondu à nos sollicitations, reste également sourde aux demandes répétées d'entretien avec le directeur de la MC2. "Je demande de pouvoir dialoguer avec la Région, pour comprendre ce qu'il se joue derrière une telle baisse. D'autant que je rappelle que la MC2 est un établissement public avec un conseil d'administration. Dans ce conseil d'administration, il y a des représentants de la Région et ils n'étaient visiblement pas non plus au courant de cette baisse", note Arnaud Meunier.
La MC2 s'est également vue amputée par la Région de 100 000 euros de subventions aux investissements. Une aide vitale pour entretenir les 22 000 mètres carrés du vaste vaisseau culturel grenoblois.