Près de 4000 manifestants ont pris part à la marche contre l'antisémitisme organisée ce dimanche à Grenoble face à la recrudescence d'actes visant les juifs depuis le début de la guerre au Proche-Orient.
Une foule d'anonymes et de responsables politiques s'est rassemblée dimanche 12 novembre à Grenoble à l'occasion de la marche contre l'antisémitisme. Derrière une large banderole "Pour la République, non à l'antisémitisme", le cortège s'est élancé aux environs de 14h30 en direction du monument aux Déportés, au parc Paul-Mistral.
Quelque 3 700 personnes ont pris part à la manifestation, selon la préfecture de l'Isère. Les personnalités politiques et responsables d'institutions locales occupaient le premier rang de la manifestation, suivis d'une foule de participants brandissant notamment des drapeaux tricolores.
"Il était important que l'ensemble de la France, celle des territoires et pas uniquement de Paris, manifeste sa solidarité vis-à-vis de nos compatriotes de confession juive qui subissent des actes antisémites au quotidien. C'est insupportable pour tout le monde", a expliqué le porte-parole du gouvernement Olivier Véran qui a pris part à la marche dans sa circonscription.
Nous étions plus de 4000 aujourd'hui à Grenoble, en républicains, pour dire non à l'antisémitisme. pic.twitter.com/zf20UudeDs
— Olivier Véran (@olivierveran) November 12, 2023
"Une marche d'unité"
Le rassemblement a été initié par huit parlementaires de l'Isère, issus de divers horizons politiques, à l'appel des présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher. "Cela veut dire qu'on a encore de très fortes valeurs en commun d'attachement à la République et à son universalisme. On peut avoir des différences d'appréciation sur plein de sujets mais au moins, sur celui-ci, on est d'accord", s'est réjouie la députée (Renaissance) de la 8e circonscription de l'Isère, Caroline Abadie, signataire de cet appel.
"C'est d'abord une marche d'unité, a insisté le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Grenoble-Dauphiné, Hervé Gerbi, au premier rang du cortège. Les juifs de France ne sont pas un sujet de division mais ils sont un sujet de rassemblement pour notre pays."
Des rassemblements similaires ont été organisés dans plusieurs villes de France, notamment Annecy et Chambéry, face à la recrudescence de l'antisémitisme. Près de 1 250 actes visant des juifs ont été recensés, selon les autorités, depuis le début de la guerre déclenchée par les massacres du Hamas en Israël le 7 octobre.
Se rassembler "sur une troisième voie"
"La situation à l'heure actuelle est très inquiétante. On le voit dans notre histoire, à chaque fois qu'il y a eu une poussée de l'antisémitisme, ça n'a rien auguré de bon. Je suis ici pour dire non à l'antisémitisme", a affirmé la députée (MoDem) de la 9e circonscription de l'Isère, Élodie Jacquier-Laforge.
La préparation de ces rassemblements a toutefois donné lieu à une féroce bataille politique sur la présence dans le défilé du Rassemblement national (RN), poussant la France insoumise à boycotter la manifestation. La fédération iséroise des Insoumis avait notamment annoncé qu'elle ne participerait pas à cette marche au côté de "responsables politiques qui ne cessent de prendre prétexte de la religion de chacun pour en faire un sujet de discrimination indigne."
"Il faut faire attention de ne pas faire monter les extrêmes et on voit que l'extrême droite et l'extrême gauche arrivent à se confondre, donc je crois qu'il faut qu'on soit rassemblés sur une troisième voie qui permette de rassembler des idéologies, et surtout une idée du vivre-ensemble", a déclaré le député (Les Républicains) de la 7ᵉ circonscription de l'Isère, Yannick Neuder. Les manifestants ont entonné la Marseillaise à l'arrivée du cortège devant le monument aux Déportés avant de se disperser sans incident.