Groupe hospitalier mutualiste de Grenoble : la justice place l’établissement sous tutelle et reconnaît "une situation financière critique"

Mardi 23 mai, le tribunal judiciaire a décidé de placer le Groupe hospitalier mutualiste (GHM) de Grenoble sous la tutelle de deux administrateurs. Cette décision était réclamée depuis longtemps par les élus locaux et les syndicats depuis la mise en examen de l’ancien dirigeant, accusé d'avoir ponctionné plus de 12 millions d’euros.

Pendant trois ans, ils ont alerté, dénoncé, enquêté, allant toquer jusqu’à la porte de Matignon pour demander de l’aide. Élus, soignants et syndicats ont finalement gagné une première bataille ce mardi 23 mai dans le dossier du Groupe hospitalier mutualiste de Grenoble.

Reconnaissant que "la situation financière de l’UMG GHM est effectivement critique", le tribunal judiciaire vient d’ordonner la désignation de deux administrateurs provisoires et la mise sous tutelle de l’établissement de santé.

"Ce jugement est le fruit d’un combat de plusieurs années mené par les syndicats, le personnel soignant, par des citoyens engagés pour le maintien d’une offre de santé à but non-lucratif sur notre territoire, se félicite Christophe Ferrari, président de Grenoble Alpes Métropole. Ces administrateurs auront pour mission de gérer l’établissement, mais aussi de défendre le GHM vis-à-vis du groupe AVEC et de son dirigeant Bernard Bensaïd".

"Cette décision est le résultat d’une mobilisation historique pour la santé comme bien commun, elle sanctionne un groupe prédateur qui a ponctionné la trésorerie de l’établissement, s’octroyant des prêts d’une échéance d’un an avant de les étendre sur neuf années par le biais de montages financiers aussi absurdes que révoltants", renchérit Pierre-André Juven, adjoint à la santé à la Ville de Grenoble.

Le GHM au bord du gouffre

Depuis la mi-janvier, le Groupe hospitalier mutualiste de Grenoble est au cœur d’une tempête judiciaire. Son repreneur et PDG du groupe de santé AVEC, Bernard Bensaïd, est poursuivi pour prise illégale d’intérêts et détournements de fonds publics.

Ce dernier est accusé par les syndicats d’avoir ponctionné plus de 12 millions d’euros en trois ans dans la trésorerie de la clinique, pour financer le groupe AVEC. 

Placé sous contrôle judiciaire, il a depuis l’interdiction de diriger l’UGM-GHM. Mais selon les représentants du personnel, à l’origine de la plainte contre X déposée en juin 2022 contre l’ancien dirigeant de l’établissement, cette décision n'avait pas fait évoluer la situation. Bien que remplacé, Bernard Bensaïd, continuait, selon eux, de tirer les ficelles.

Pour préserver les finances de l’établissement de santé, de nombreux acteurs (dont les syndicats CGT, FO, SN2SP, la ville de Grenoble, la Métropole et plusieurs collectifs d’opposants) s’étaient donc tournés vers l’ARS et la justice pour placer la clinique mutualiste sous tutelle et nommer un administrateur provisoire. Leur requête a fini par être entendue.

"Dans le contexte sanitaire extrêmement tendu que connaissent actuellement notre pays et notre métropole, l’urgence est de sécuriser l’activité médicale du GHM, qui est un des piliers de l’offre de soins de notre territoire, et de maintenir la qualité des soins apportés aux patients", déclarent dans un communiqué les élus socialistes de la ville de Grenoble, qui étaient également favorables à la mise sous tutelle de l’établissement.

"Une victoire qui en appelle d’autres", se réjouit à son tour la CGT Isère, consciente que d'autres batailles administratives et judiciaires attendent le Groupe Hospitalier Mutualiste. 

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