Inflation, hausse des matières premières… Face à la crise, les brasseries artisanales se réinventent pour survivre

Longtemps florissant, le marché de la bière artisanale commence à stagner avec la crise économique et l'augmentation du coût des matières premières. Les artisans doivent développer de nouvelles stratégies pour se démarquer dans un contexte très concurrentiel.

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Le prix des céréales n’a jamais été aussi élevé pour les brasseurs. Alors que les brasseries artisanales ont connu un boom spectaculaire ces dernières années, la hausse des matières premières et du coût de l’énergie ont fait bondir les factures de ces professionnels.

"Le prix du malt d'orge, qui est tout simplement de la céréale passée dans un four, a augmenté de 40 % sur la fin de l'année 2022. On a aussi les bouteilles en verre qui ont augmenté d'à peu près 35 %. C'est très lié à l'énergie", expose Antoine Maulin, co-gérant de la brasserie La furieuse à Sassenage, en Isère. Face à une marge en forte baisse, ce brasseur a dû augmenter ses prix de 8 % dans un contexte économique peu florissant.

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Face à la crise économique, les brasseries artisanales doivent se réinventer pour survivre ©France Télévisions

Changer de stratégie

Arsène Chapuis, co-gérant de la brasserie Arav' Craft Brewery à Saint-Martin-d'Hères, a pris la même décision pour protéger sa trésorerie. En plus de l’inflation, l’artisan doit composer avec un marché de plus en plus saturé.

Rien qu’en Isère, près de 70 brasseries artisanales se font concurrence. Mais il reste selon lui des parts de marché à prendre. "Les industriels ont beaucoup augmenté leurs prix et on commence à pouvoir être compétitif sur certains aspects puisqu'on a beaucoup moins augmenté qu'eux", explique-t-il.

Ouvert depuis trois ans, l'artisan doit malgré tout revoir sa stratégie, misant sur l'originalité de ses produits et développant de nouveaux partenariats. "On vend à énormément de points de vente, mais surtout des très petites quantités. C'est très peu régulier, ça ne permet pas d'assurer une trésorerie continue. Il faudrait travailler en partenariat avec des chaînes de bars, de restaurants, des hôtels qui pourraient acheter nos bières en permanence, passer du volume de manière régulière. Ca ferait la différence", ajoute Arsène Chapuis.

Des consommateurs plus exigeants

Après des années de croissance, le marché de la bière artisanale commence à stagner et les fermetures de brasseries s'accélèrent. "Avec la crise économique, l'inflation, l'augmentation du coût des matières premières, les gens commencent à regarder davantage leur porte-monnaie. Ils consomment plus traditionnellement et il faut aller chercher ces clients alors qu'avant, c'était plus facile", résume Dorothée Van Agt, experte biérologue.

Le consommateur sait faire la différence entre une bonne et une mauvaise bière, entre une bière qui ne lui plaît pas et une autre qu'il va adorer. Et c'est le consommateur qui décide.

Dorothée Van Agt, experte biérologue

à France 3 Alpes

Les produits artisanaux représentent de 6 à 8 % du marché de la bière en France. Et si l'engouement autour de la consommation locale ne faiblit pas, les amateurs sont aussi plus exigeants, plus difficiles à convaincre. Les brasseurs doivent dès lors ajuster leurs prix et se démarquer avec des produits nouveaux.

"Il y a une notion de qualité. Aujourd'hui, le consommateur sait faire la différence entre une bonne et une mauvaise bière, entre une bière qui ne lui plaît pas et une autre qu'il va adorer. Et c'est le consommateur qui décide", complète l'experte. Malgré le contexte économique, les brasseurs restent confiants. Avec une moyenne de 33 litres consommés par an et par personne, la bière reste l’alcool préféré des Français.

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