INTERVIEW. "Grenoble est une ville en panne", estime l'ancien maire Michel Destot

Dix ans après son départ de la mairie de Grenoble, Michel Destot revient pour France 3 Alpes sur la situation de la capitale des Alpes. Il évoque également la politique actuelle du gouvernement de Michel Barnier et l'état de la gauche.

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Il se fait plutôt rare dans les médias depuis de nombreuses années. Maire de Grenoble pendant 19 ans, de 1995 à 2014, Michel Destot a accepté de répondre à nos questions à l'occasion de l'émission Ce jour-là, diffusée sur France 3 Alpes ce jeudi 10 octobre à 18h53. L'ancien député socialiste s'exprime sur la situation politique et sécuritaire de Grenoble, mais aussi sur sa vision du gouvernement de Michel Barnier et de la gauche actuelle.

France 3 Alpes : En 2014, après 19 ans de mandat, vous avez fait le choix de ne pas vous représenter à la mairie de Grenoble au profit d'Eric Piolle qui a remporté l'élection. Dix ans plus tard, quel regard portez-vous sur le bilan de votre successeur ?

Je ne suis pas tous les jours à Grenoble. Mais ce que j'entends beaucoup dire, c'est que cette ville est en panne d'une certaine façon. En panne sur le plan financier, à un tel point que le maire a dû augmenter fortement la taxe foncière pour obtenir un budget équilibré.

Puis, il n'y a plus de grands investissements. Il n'y a surtout plus de cap. C'est ce qui me semble aujourd'hui le plus dramatique, de ne plus savoir où l'on va.

Ces derniers mois, Grenoble a fait la une pour des raisons sécuritaires et a été le théâtre de plusieurs fusillades. Vous aviez commencé à installer des caméras de vidéosurveillance. Fallait-il, selon vous, aller plus loin ?

Il faut absolument de la vidéosurveillance. Nous le voyons dans toutes les villes françaises, c'est très utile pour déjouer un certain nombre d'agressions et pour poursuivre les auteurs. Il faut absolument que cette vidéosurveillance puisse être réinstallée partout, dans tous les quartiers de Grenoble.

Mais ça ne suffit pas. Il faut aussi des moyens supplémentaires pour la police et la police municipale. Je pense notamment à l'armement, qui avait été prévu par Jérôme Safar [candidat PS aux municipales, NDLR], qui malheureusement avait été battu aux élections de 2014.

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Dix ans après son départ de la mairie de Grenoble, Michel Destot revient pour France 3 Alpes sur la situation de la capitale des Alpes. ©FTV

En 2012, François Hollande devient président de la République. Geneviève Fioraso, avec qui vous avez beaucoup travaillé, est nommée ministre. Est-ce un regret de ne pas avoir, vous aussi, accédé à un poste de ministre ?

Plusieurs présidents m'ont proposé d'être ministre. À chaque fois, il y avait une volonté de ma part de ne pas mélanger les choses. Au début, j'ai été maire et je ne voulais pas abandonner la mairie de Grenoble pour devenir ministre.

Après, l'occasion s'est représentée avec d'autres présidents, qui n'étaient pas de mon orientation politique. Je n'ai pas souhaité le faire. Je n'ai aucun regret. J'ai été maire pendant 19 ans et député pendant 29 ans. Pour quelqu'un qui n'était pas fait pour ça, c'est quand même une belle page politique.

Vous avez connu Didier Migaud, longtemps président de la Métropole de Grenoble. Quand vous le voyez dans le gouvernement de Michel Barnier, au poste de Garde des Sceaux, quelles sont vos impressions ?

Je n'aurais pas fait ce choix-là. Je respecte son choix et son engagement. Je pense que l'orientation actuelle du gouvernement n'est pas celle qui correspond à mes valeurs et à mes convictions, indiscutablement.

C'est un gouvernement très marqué à droite, pour ne pas dire indirectement à l'extrême droite. En tout cas, sous la menace d'une censure de l'extrême droite. Mais surtout, il ne correspond pas aux résultats des élections législatives.

On peut dire qu'il ne fallait pas dissoudre (l'Assemblée nationale). C'est assez incompréhensible ce qu'a fait le président de la République. Mais une fois que les élections législatives ont eu lieu, le vrai vainqueur a été le front républicain. Ce front républicain, c'était la mise à l'écart du Front national.

Je soutenais Bernard Cazeneuve (pour le poste de Premier ministre), qui me semblait plus à même de réaliser une possibilité d'accord entre la gauche et le bloc central, avec une majorité à l'Assemblée nationale.

Vous avez échangé avec Bernard Cazeneuve à ce sujet-là ?

Absolument, j'en suis proche. Je suis membre de la convention de Bernard Cazeneuve et je trouve que c'est un homme d'Etat, avec des valeurs républicaines et sociales, et qui correspond peut-être aux attentes du pays en ce moment.

Les prochaines élections municipales auront lieu en 2026. Selon vous, la gauche doit-elle être unie ou le PS doit-il faire entendre sa propre voix dans la capitale des Alpes ?

Le PS et tous ceux qui voudront porter une alternative à la municipalité actuelle. Eric Piolle a dit qu'il ne se représentera pas. Il peut y avoir un retour d'Alain Carignon, mais je crois qu'il ne correspond pas à l'attente de la population.

La Ville de Grenoble est à gauche. Je pense qu'il y a une possibilité pour le centre-gauche de créer un avenir de conquête et de progrès économique et social.

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