Isère : le maire de Meylan appelle l'Etat à s'opposer à la construction d'une église catholique intégriste

Le maire de Meylan, près de Grenoble, appelle l'État à s'opposer à la construction d'une église intégriste dans sa ville à la suite du rejet, jeudi, d'un recours en justice. Le permis de construire a été déposé par la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, une organisation catholique liée à Civitas.

Après le maire d’Albertville, qui s’oppose à la construction d’une école musulmane dans sa commune, c’est au tour du maire de Meylan (Isère) d’entrer en croisade contre le communautarisme.

Philippe Cardin, élu divers gauche, demande à ne "pas faire deux poids deux mesures" dans la lutte de l'État contre le "radicalisme religieux".

 

Une église de 299 places

Le tribunal administratif de Grenoble a rejeté jeudi 15 avril une demande en annulation d'un permis de construire déposé par la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX), une organisation religieuse intégriste proche de Civitas, pour la construction d'une église de 299 places dans cette riche banlieue de Grenoble.

Le permis avait été accordé par une précédente majorité et une association proche du maire actuel avait déposé un recours. Mais la justice a estimé que les griefs soulevés concernant diverses règles d'urbanisme locales n'étaient pas constitués, à propos notamment des règles de stationnement.

"Le problème dans tout ça, c'est que ce n'est pas un problème d'urbanisme", a estimé auprès de l'AFP Philippe Cardin, élu en 2020, qui espère que l'association va faire appel.

 

Ils sont contre la liberté de croire, la liberté de penser, la liberté de conscience

Il fait le rapprochement avec la situation à Albertville, en Savoie, où le maire estime être "démuni" pour s'opposer à la construction d'une école par une association proche de la Turquie, ce qui a fait réagir jusqu'au gouvernement. "Est-ce que les politiques nationaux vont venir ici pour interdire la construction de cette église, comme ils le font pour des musulmans ?", s'interroge le maire divers gauche.

"Il ne faut pas faire deux poids, deux mesures", poursuit-il. "Ce qui est dit dans la loi séparatisme, c'est que l'État veut combattre tous ceux qui combattent les racines ou les valeurs de la République. Moi j'estime que Civitas et la Fraternité Saint-Pie-X (proches) combattent les valeurs de la République".

"Ils sont contre la liberté de croire, la liberté de penser, la liberté de conscience", estime ce géophysicien au CNRS. "Ils ne reconnaissent pas beaucoup de nos lois, en particulier l'égalité homme-femme par exemple. Je dis donc à l'État de prendre ses responsabilités et d'interdire l'installation de ces églises."

 

Qu’est-ce que Civitas ?

Fondée en 1970 par Marcel Lefebvre (1905-1991), la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X est une organisation catholique traditionaliste liée à Civitas, elle-même proche de mouvements nationalistes d'extrême-droite. Ce mouvement politique se définit comme "inspiré par le droit naturel et la doctrine sociale de l'Église catholique". Ses membres se sont fait connaître en 2012, à l'occasion de manifestations contre le mariage pour tous. 

Sur son site internet, le mouvement s'oppose à la notion même de laïcité : "Civitas demande l’abrogation de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat et le rétablissement du catholicisme comme religion d’Etat pour l’instauration du règne social du Christ Roi".

Contactée jeudi, sa branche locale n'a pas souhaité faire de commentaires.

 

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