110 maires et représentants locaux de France ont signé une lettre ouverte au président de la République pour demander qu'une partie du plan de relance soit dédiée aux quartiers défavorisés. Parmi les signataires se trouvent les maires d'Echirolles et Saint-Martin-d'Hères en Isère.
Un "appel au secours" directement lancé à Emmanuel Macron. 110 maires et présidents d'agglomération ont signé une lettre ouverte adressée au président de la République, rendue publique ce vendredi 13 novembre. Une lettre qui souhaite défendre "l’égalité républicaine de nos quartiers prioritaires".
Pour les signataires, le gouvernement n'a pas pris la mesure de la situation des quartiers populaires, aggravée par la crise sanitaire. Ils estiment dans le texte qu'"aucune mesure ambitieuse n’a été prise pour répondre à la détresse sociale et économique qui frappe nos communes".
Et parmi ces 110 signataires se trouvent deux maires de communes iséroies : Echirolles et Saint-Martin-d'Hères, toutes deux situées dans la banlieue grenobloise. En 2015, Echirolles était la commune à cumuler le plus d'indicateurs de précarité de l'agglomération.
Deux après le plan Borloo, "jeté à la poubelle"
"Dans ces quartiers, on peut avoir 40-50% de jeunes au chômages", constate Renzo Sulli, maire d'Echirolles. Un signe de pauvreté qui a motivé l'écriture de cette lettre :Car il y a deux ans, un plan pour les quartiers populaires, rédigé notamment par Jean-Louis Borloo, avait suscité "l'assentiment de presque tous les élus, peu importe leur bord politique", note Renzo Sulli. Un plan de sauvetage des banlieues à 19 programmes, finalement détricoté par le gouvernement et dont il ne reste aujourd'hui presque rien.On passe cet appel parce qu'on ne parle plus des quartiers populaires, on ne parle plus des conditions de vie dans ces quartiers depuis que le président a jeté à la poubelle le plan Borloo.
Alors pour les signataires de l'appel, le plan de relance post-Covid à 100 milliards d'euros pourrait être l'occasion d'un nouveau départ pour les quartiers défavorisés. Le texte réclame ainsi que le Parlement "sanctuarise 1% [du plan de relance] pour les territoires en décrochage".
800 000 euros de dépenses en plus à Echirolles
Soit un milliard d'euros. "C'est pas grand choses, mais c'est déjà ça", estime le maire d'Echirolles, qui prédit "la mort de petites associations qui sont aujourd'hui à ras du sol, et de nombreuses difficultés pour les collectivités".800 000 euros sur un budget communal de 67 millions d'euros, qui n'ont rien d'une rallonge. "Ces dépenses en plus veulent dire des économies à devoir faire ailleurs", déplore le maire.On n'a pas encore bien mesuré le poids du coronavirus pour les collectivités, mais c'est énorme. A Echirolles, le soutien aux associations nous a coûté 800 000 euros en plus depuis le début de la crise.
"Recréer de la dynamique sociale"
La municipalité d'Echirolles a ainsi apporté un soutien financier nécessaire à plusieurs associations de distribution alimentaire d'urgence pour les plus précaires. "Ce matin, une association a organisé pour la première fois une distribution dans le quartier ouest, raconte Renzo Sulli. Une soixantaine de familles se sont déplacées." Signe que le coronavirus a fait des dégâts immenses à des quartiers déjà paupérisés.Parmi les demandes de la lettre, se trouvent notamment un tout nouveau fonds d'urgence de 100 millions d'euros pour les associations, la création de comités locaux de solidarité, un fonds de soutien à la création de maisons médicales et de centres de santé dans des villes paupérisées, ainsi qu'une rallonge de 120 millions d'euros pour la "mobilisation des acteurs de l'emploi".
Avec comme objectif de "recréer de la dynamique sociale" , explique Renzo Sulli. Reste à savoir si Emmanuel Macron sera, cette fois-ci, plus ouvert à un plan pour les banlieues qu'en 2018.