“Je ne l’ai pas tué pour la viande mais pour la beauté du tir” : deux chasseurs abattent un aigle en voie d'extinction, quatre mois de prison avec sursis requis

Fin février, en Isère, deux chasseurs ont abattu un pygargue à queue blanche, un aigle en danger critique d'extinction. Le parquet a requis une peine de quatre mois de prison avec sursis, une amende 6000€, la confiscation de leurs armes et la suspension de leurs permis de chasse pendant trois ans. Jugement prévu le 17 juillet prochain.

Voilà sans doute l’image de ce procès hors norme : Jacques-Olivier Travers, à l’origine de la réintroduction des pygargues dans les Alpes, en pleine discussion avec le principal accusé. Il est 22h30, la fin d’une très longue audience. Le chasseur fait alors un pas vers le fauconnier.

"Quoi qu'il se passe, je leur ai demandé de faire une vidéo pour les réseaux sociaux en disant : 'Voilà on a fait une connerie, ne la faites pas, ça sert à rien'. Ils vont le faire, raconte Jacques-Olivier Travers, responsable du parc les Aigles du Léman. En ça le procès, en dehors de ce que va décider la cour, ça a déjà eu une utilité. Moi je pense que la seule peine qui va servir d'exemple c'est de leur confisquer leurs armes, leur supprimer leur permis de chasse pendant une longue période."

Annulation totale des poursuites ?

Le 24 février dernier, en Isère, Nicolas R. et Benjamin O. tuent lors d’une partie de chasse cette aigle Morzine. Une pygargue en danger critique d’extinction, réintroduite cinq mois plus tôt par Jacques-Olivier Travers. Un tir gratuit strictement interdit.

En garde à vue les deux demi-frères avouent. Des plumes sont même retrouvées chez eux. Mais à l’audience, leur avocat a demandé l’annulation totale des poursuites. En cause, selon lui, des bornages téléphoniques demandés sans avoir respecté la procédure.

"Si la nullité est retenue, ça veut dire que les preuves qui ont été acquises, récoltées tout au long de la procédure qui a suivi, ça tombe, avance maître Bernard Boulloud, avocat des prévenus. C'est pour ça qu'on ne peut pas faire un tel procès sur la base d'éléments qui ont été obtenus de manière déloyale."

“Je ne l’ai pas tué pour la viande mais pour la beauté du tir”

Hier, le tribunal n’a pas statué sur cette nullité. Pas encore. Le procès s’est donc poursuivi et les accusés se sont tus. Le droit au silence pour ne pas s'auto-incriminer. Drôle d’ambiance donc dans la salle d’audience. Les procès verbaux de garde à vue pour seules déclarations, et cette unique explication de Nicolas R. en parlant de l’aigle Morzine : “Je ne l’ai pas tué pour la viande mais pour la beauté du tir.”

Stupeur et dégoût sur le banc des parties civiles. "On va voir les demandes des parties civiles, et là je pense que ça va faire mal, déclare Jean-François Noblet, responsable de l'association Nature et humanisme. C'est une question aussi de leur faire comprendre à ces deux imbéciles, que tirer sur un bestiau simplement pour un coup de fusil, ce n'est plus possible."

Pour la mort de Morzine, le procureur a demandé quatre mois de prison avec sursis, une amende 6000€, la confiscation des armes et le retrait du permis de chasse pendant trois ans. Mais avant une éventuelle condamnation, il faudra statuer sur la nullité ou non de la procédure. Le délibéré est attendu le 17 juillet.

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