Le Premier ministre Jean Castex était à Grenoble ce samedi 29 janvier pour présider un CIV, Comité interministériel à la Ville. Un an après l'annonce d'une enveloppe de 3,3 milliards d'euros en faveur des quartiers défavorisés, le gouvernement veut dresser un premier bilan.
Un an après le lancement d'un plan de 3,3 milliards d'euros en faveur des quartiers populaires, toute une délégation ministérielle est arrivée à Grenoble pour faire le bilan des actions menées en faveur de la politique de la ville (CIV). Le Premier ministre Jean Castex est accompagné du ministre de la Santé et des Solidarités, Olivier Véran, et des ministres déléguées, Emmanuelle Wargon (Logement), Nadia Hai (Ville) et Nathalie Elimas, (Education prioritaire). Une visite peu appréciée par le maire de Grenoble Eric Piolle.
Un Premier ministre à l'écoute
A la rencontre des élus locaux et des habitants des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) à La Villeneuve de Grenoble à Echirolles, Jean Castex a réaffirmé l'engagement de l'Etat dans les territoires, pour "améliorer la vie quotidienne de nos concitoyens".
Le Premier ministre a pris le temps de répondre à tous les habitants du quartier qui l'interpellaient, les uns après les autres, pour parler des problématiques du quotidien : le manque de médecins dans les quartiers difficiles, la nécessité de recréer de l'emploi, de rénover les écoles...
Il a fait face notamment à des habitants se plaignant de bâtiments "dégradés", d'appartements infestés de punaises de lit et de la fermeture des commerces de proximité. "Le quartier se meurt, on n'a plus rien. Même pour aller à un bureau de tabac, on doit faire plusieurs kilomètres", lui a lancé une habitante.
Le Premier ministre lui a répondu "comprendre qu'il y ait de l'exaspération, des attentes. Je suis là pour constater, pour écouter, mais aussi pour dire qu'on va de l'avant".
Interpellé par un homme à propos des difficultés d'insertion professionnelle, le Premier ministre a insisté sur l'éducation et la formation. Il a annoncé "étendre et renforcer" la Cité éducative d'Echirolles-Grenoble, et labelliser 74 autres Cités pour en arriver à un total de 200 sur tout le territoire.
Jean Castex a également annoncé la pérennisation du modèle des "vacances apprenantes" pour les prochaines vacances d'été.
Les Bataillons de la prévention, qui regroupent des éducateurs et des médiateurs dans les quartiers prioritaires, voient leurs moyens pérennisés pour une année supplémentaire, jusqu'au 31 décembre 2023.
"Nous faisons tout pour que tout le monde ait les mêmes chances, à condition de se donner les moyens et se donner la peine. Mais la République s'occupe de tout le monde." a-t-il promis à un habitant du quartier des Essarts.
Un déplacement contesté
La présence de Jean Castex et des ministres du gouvernement est contestée par certains à commencer par le maire de la ville de Grenoble lui-même. Eric Piolle qui a organisé une conférence de presse la veille de la visite pour faire part de ses critiques. Selon lui, il s'agit d'une visite "électorale". "Nos villes ne sont pas des zoos !" a-t-il lâché.
Olivier Véran, le ministre de la santé, est revenu sur cette polémique, justifiant ce déplacement ministériel. "Grenoble est un point d'attention particulier pour nous, pour l'ensemble du gouvernement pour avoir une politique urbaine, sociale et économique qui permet de désenclaver les quartiers, de réduire l'insécurité" a-t-il déclaré avant de lancer à son tour une pique à Eric Piolle : "Je sais que le maire de Grenoble n'aime pas trop quand on lui parle de ça, il préfère regarder ailleurs, c'est vrai que c'est plus joli de regarder les montagnes mais il y a aussi des gens qui vivent une réalité à Grenoble qui peut être un peu plus difficile et un peu moins verte que celle qu'il voudrait dessiner de la ville."
Jean Castex a également été insulté par des gilets jaunes et des antivax lors d'une manifestation à La Villeneuve.