L'association Meydia, qui lutte contre l'implantation d'une église de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X à Meylan, a vu son recours rejeté en appel ce mardi. La construction de cet édifice religieux est également redoutée par le maire qui dénonce l'"idéologie extrémiste" de la communauté.
Un lieu de culte géant aux portes de Grenoble. La Fraternité sacerdotale Saint Pie X (FSSPX), communauté catholique traditionaliste, a remporté une nouvelle bataille pour la construction de son nouvel édifice religieux à Meylan (Isère). L'association locale Meydia, opposée au projet, a été déboutée mardi 13 juin par la cour d'appel de Lyon de son recours en annulation du permis de construire.
Un permis accordé en 2017 à la Fraternité par l'ancien maire de Meylan, et contre lequel la nouvelle municipalité livre également bataille. "Un édifice religieux de 650 m² serait démesuré dans un quartier résidentiel qui n’est pas fait pour des rassemblements à visée régionale", regrette le maire divers gauche de la commune, Philippe Cardin.
Le lieu de culte de 299 places, qui deviendrait le plus grand de Meylan, doit être construit sur le terrain d'une petite école catholique hors contrat de la communauté. Installé là depuis 25 ans, l'établissement se situe à deux pas du lycée du Grésivaudan, fréquenté par quelque 1 500 élèves.
"Il m’est impossible d’accepter que Meylan devienne un centre stratégique pour un groupe religieux intégriste qui ne reconnaît pas la liberté de croire ou l’égalité entre les femmes et les hommes", ajoute le maire par voie de communiqué, dénonçant l'"idéologie extrémiste" de la Fraternité et le risque de "trouble à l'ordre public" généré par son projet.
Le combat devant la justice, porté par l'association Meydia, a débuté en 2018. Déboutée en première instance par le tribunal administratif de Grenoble, l'association "de sensibilité de gauche et écologique" a fait appel auprès de la cour administrative de Lyon sur des points très techniques en matière d'urbanisme. Leur recours a été rejeté une seconde fois.
Qu'est-ce que la Fraternité Saint Pie X ?
Meydia craint que ce nouvel édifice religieux ne devienne "le camp de base de l'extrême droite locale", nous expliquait un porte-parole en mai 2021, pointant les relations troubles entre la Fraternité et le parti national catholique Civitas. Un mouvement d'extrême droite qui veut "rechristianiser" la France et se revendique de Charles Maurras, idéologue royaliste et antisémite.
La FSSPX affirme avoir rompu avec Civitas lorsque l'association satellite de la Fraternité s'est muée en parti politique. Pourtant, une conférence intitulée "Les droits de l’homme : pourquoi et comment les combattre ?" a été organisée en 2018 dans ses locaux meylanais. L'événement avait suscité l'indignation de bon nombre d'habitants et d'associations.
La Fraternité Saint Pie X revendique en France plus d'un millier de membres, évêques, prêtres ou séminaristes. Fondée par Monseigneur Lefèbvre, évêque excommunié par le pape en 1988, la communauté est toujours en état de schisme avec l'Eglise catholique qui ne reconnaît pas l'ordination de ses prêtres.
La sphère politique opposée au projet
L'implantation d'un lieu de culte à Meylan a fait l'objet de nombreuses contestations, notamment politiques. Dix parlementaires ont interpellé le ministre de l'Intérieur à ce sujet en 2021, jugeant "difficilement concevable qu'un groupe religieux, rejetant un certain nombre de nos principes et valeurs républicaines, puisse construire un lieu de culte dans l'un de nos territoires".
Le conseil municipal de Meylan ainsi que les élus de la Métropole de Grenoble ont adopté un vœu pour s'opposer à la construction du lieu de culte de la Fraternité. Mais l'affaire est désormais entre les mains de la justice, l'association requérante disposant de la possibilité de se pourvoir en cassation. Contacté par France 3 Alpes ce vendredi, le président de Meydia n'avait pas répondu à nos sollicitations à l'heure de la publication de cet article.
Philippe Cardin affirme pour sa part qu'il continuera d'"interpeller l’Etat, qui a voté une loi confortant le respect des principes de la République et de lutte contre le séparatisme, pour son soutien et l’examen du bien-fondé et de la légitimité du financement d’un tel projet."