Manifestation de policiers à Paris : "50 à 60 fonctionnaires par an se donnent la mort, ce n'est pas rien"

Les policiers manifestent à Paris ce mercredi pour dénoncer un mal-être dans leur profession et la hausse des suicides. Ils seront plusieurs centaines venus d'Isère et près d'un millier d'Auvergne-Rhône-Alpes à rejoindre cette marche inédite.

Gardiens de la paix et commissaires, tous corps et tous grades confondus, sont côte-à-côte dans le cortège qui défile à Paris ce mercredi 2 octobre. Une mobilisation inédite depuis près de 20 ans, réunissant des milliers de policiers pour une "marche de la colère" sur fond de hausse des suicides et de réforme des retraites.

Alors que le droit de grève n'existe pas dans cette profession, chacun a dû poser une journée de congé pour défiler jusqu'à la place de la République, au centre de la capitale. Manque de moyens, allongement des annuités travaillées : les 22.000 policiers grévistes, selon une estimation des syndicats, souhaitent attirer l'attention sur le malaise qui persiste dans l'institution.
 

De nombreux suicides depuis janvier

"Notre métier a un impact sur la vie familiale. On le choisit et on veut l'exercer dans de bonnes conditions", estime Philippe Lepagnol, secrétaire départemental (38) adjoint du syndicat Alliance Police Nationale. "Mais quand on ne nous donne pas les moyens d'exercer notre métier correctement, par manque d'effectifs, de moyens ou de considération, ça va automatiquement nuire à la santé et au moral des policiers."

Depuis janvier, près de 50 policiers se sont donné la mort. L'un d'eux, membre du Groupe d'appui judiciaire de la direction départementale de la sécurité publique de l'Isère à Grenoble, s'est suicidé en juillet à son domicile.
 
"Notre corporation est exposée à un risque létal. On risque de se faire tirer dessus et des policiers se suicident tous les ans, pour des raisons personnelles ou professionnelles. Chaque année, entre 50 et 60 fonctionnaires se donnent la mort, et ce n'est pas rien", témoigne un fonctionnaire qui préfère rester anonyme. "Dans le cas de France Télécom, 60 suicides en deux ans, ça avait fait les unes nationales. Les policiers, c'est plus de suicides et c'est tous les ans. Effectivement, on a une facilité de par le fait qu'on dispose d'une arme à feu, mais il y a aussi des soucis dans la profession."
 
Interviews : Philippe Lepagnol, secrétaire départemental (38) adjoint du Syndicat Alliance Police Nationale ; un policier isérois ©France3 Alpes

De mémoire de syndicalistes, on n'avait pas vu un tel appel unitaire depuis 2001. À l'époque, la mobilisation avait été provoquée par le meurtre de deux policiers au Plessis-Trévise (Val-de-Marne) par un braqueur récidiviste. Cette fois, pas de fait divers sanglant agissant comme élément déclencheur, mais une usure opérationnelle liée notamment à la mobilisation des Gilets jaunes, où la police a été accusée de violences.

"Depuis la fin de l'année dernière, les forces de sécurité ont été énormément impactées sur les heures supplémentaires et il n'y a pas de soutien, on a des difficultés à mettre des choses en place. Maintenant on dit stop, il faut des mesures fortes pour aider la police à faire son métier", ajoute le syndicaliste Philippe Lepagnol.

Entre 700 et 1.000 policiers d'Auvergne-Rhône-Alpes seront dans le cortège, dont 300 venus d'Isère. Cinq points sont au coeur des revendications des policiers : "l'amélioration de la qualité de vie au travail", "une véritable politique sociale pour les agents du ministère de l'Intérieur", "une réponse pénale réelle, efficace et dissuasive", "la défense des retraites" et une future loi d'orientation et de programmation "ambitieuse". Les organisations syndicales espèrent une mobilisation exceptionnelle.

 
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