Des poussières de sable du Sahara, charriées par des vents forts, viennent régulièrement se déposer sur les reliefs des Alpes. Un phénomène naturel, mais pas sans conséquences en montagne. Voici ce qu'il faut savoir sur ce phénomène météorologique.
Ciel et neige couleur ocre. Les épisodes sahariens s'enchaînent depuis quelques semaines dans les Alpes du nord. Le plus remarquable avait complètement métamorphosé les paysages de montagne le 15 mars. Mais cette succession de dépôts de poussières de sable du Sahara n'est pas sans conséquences pour l'écosystème en altitude.
A quoi ces épisodes sont-ils dus ? Sont-ils plus fréquents ? Quels impacts ? Voici tout ce qu'il faut savoir sur ce phénomène météorologique spectaculaire.
D'où ça vient ?
Les poussières de sables qui viennent se déposer sur nos montagnes sont charriées depuis la Sahara par un phénomène : le sirocco. Un vent fort et chaud tout droit venu du continent africain.
"Il va mettre en suspension de très fines poussières de sable. Au gré des courants atmosphériques, ces poussières en suspension vont être transportées au-dessus de la Méditerranée vers l'Europe", explique Marie Dumont, directrice du Centre d'études de la neige à Saint-Martin-d'Hères, près de Grenoble.
Ce phénomène concerne surtout le nord des Alpes, en Suisse et en Autriche, ainsi que le massif des Pyrénées. "C'est un phénomène entièrement naturel, fréquent", rassure la chercheuse.
A quelle fréquence ?
Les épisodes sahariens se produisent tous les hivers dans les Alpes, seule leur intensité varie. Le changement climatique n'est pas la cause directe de ce phénomène. "Par contre, nuance Marie Dumont, on sait que le réchauffement climatique a tendance à modifier les courants de circulation atmosphérique, ce qui peut modifier la période de ces événements."
Dans certaines régions comme le Caucase ou l'Europe de l'ouest, ces épisodes sont de plus en plus fréquents. C'est le cas notamment en Espagne où la "calima" dégrade fortement la qualité de l'air, les particules les plus fines restant en suspension dans l'air.
"Ce n'est pas quelque chose qu'on observe sur les Alpes, même si ce sont des sujets sur lesquels on doit encore creuser", complète la directrice du Centre d'études de la neige.
Quelles conséquences ?
L'impact le plus évident est une neige qui se teinte de couleur ocre. De ce phénomène découle une multitude de conséquences, dont une fonte plus rapide du manteau neigeux.
"Comme nous, on aura plus chaud avec un tee-shirt noir qu'avec un tee-shirt blanc, la neige a plus chaud quand elle est orange que quand elle est blanche", résume Marie Dumont. "En cascade, poursuit-elle, cela va avoir des conséquences sur la disponibilité des ressources en eau."
Un facteur qui va impacter le secteur agricole, régulièrement touché par la sécheresse, l'irrigation des cultures, des plantes. La production d'hydroélectricité dépend, elle aussi, de la fonte du manteau neigeux pour le remplissement des barrages.
Des chutes de neige tardives sont attendues dès ce jeudi dans Alpes du nord. Le sable encore présent en surface va donc être recouvert de neige fraîche. Mais il restera stocké dans des strates plus profondes et refera surface à la faveur de la fonte du manteau neigeux.