L'homme suspecté d'avoir tiré sur Lilian Dejean, agent municipal à Grenoble, a été arrêté au Portugal le 21 novembre. Placé en détention, il devrait bientôt être extradé vers la France. Retour sur deux mois et demi d'enquête qui ont permis de retrouver sa trace.
Il aura fallu 10 semaines aux enquêteurs pour retrouver Abdoul Diallo, suspecté d’avoir abattu Lilian Dejean à Grenoble le 8 septembre dernier. "On est extrêmement contents que cette affaire ait abouti aussi rapidement, se félicite Brice Gajean, secrétaire départemental du syndicat Unité Police en Isère. Pour ce type d’affaire, ça a été rapide".
Jeudi 21 novembre, le principal suspect, en cavale depuis les faits, a été arrêté dans le nord du Portugal. "Un homme de 25 ans qui faisait l'objet d'un mandat d'arrêt européen à la suite du meurtre" de Lilian Dejean, a été "arrêté jeudi à Póvoa de Lanhoso, une commune de la région de Braga (nord)", a indiqué la police portugaise dans un communiqué.
Formellement identifié, Abdoul Diallo est "actuellement détenu au Portugal en vertu du mandat d’arrêt européen émis à son encontre", a confirmé le procureur de la République de Grenoble, Eric Vaillant, lors d'une conférence de presse organisée ce vendredi 22 novembre.
"Le succès de cette arrestation est dû au travail des policiers, des magistrats et à la possibilité de coopération policière européenne. C’est une satisfaction pour la famille et les proches, mais aussi pour nous tous ici présents", a ajouté le procureur, en présence des directeurs de la police judiciaire grenobloise et lyonnaise qui ont travaillé sur le dossier.
Le suspect accepte d'être extradé vers la France
Entendu ce vendredi après-midi par un tribunal àPorto, le suspect ne s'est pas opposé à son extradition vers la France, a indiqué la poplice portugaise.
Abdoul Diallo "a été présenté à un juge du tribunal de Porto et a accepté d'être extradé", a déclaré à l'AFP une porte-parole de la police judiciaire, en précisant que son transfert se fera "en coordination avec les autorités françaises".
Une fois remis aux autorités françaises, le suspect sera présenté à la juge d’instruction en charge du dossier dans le cadre de l'information judiciaire ouverte pour "meurtre sur une personne chargée d'une mission de service public".
Abdoul Diallo, incarcéré pour la première fois à 15 ans, a déjà 19 condamnations inscrites à son casier judiciaire pour des faits de violence et de trafic de stupéfiants. Au total, il a été condamné à 6 ans de prison ferme au cours des 10 dernières années, a rappelé le procureur de la République.
Plus de 40 enquêteurs mobilisés
Le 8 septembre dernier, Lilian Dejean a été mortellement touché par balle en plein thorax alors qu’il tentait d’empêcher de fuir un homme venant de provoquer un accident de la route. L’agent de propreté de 49 ans est décédé quelques heures plus tard à l’hôpital.
L’auteur du coup de feu s’était évaporé dans la nature. Mais les enquêteurs avaient retrouvé dans la voiture accidentée une carte d’identité au nom d'Abdoul Diallo, domicilié à Saint-Martin-d’Hères.
Pour retrouver sa trace, les enquêteurs ont ensuite mené des investigations téléphoniques, informatiques mais aussi de terrain. "Une fois qu’on a eu la sensation que l’individu se trouvait au Portugal, il a fallu se rendre sur place, identifier et quadriller en partenariat avec la police portugaise. Et ça a très bien marché", détaille Brice Gajean, du syndicat Unité Police.
Au total, une quarantaine d'enquêteurs de la police judiciaire de l’Isère, appuyés par des enquêteurs spécialisés de la police judiciaire Lyon, ont été mobilisés pour traquer le suspect, a indiqué Damien Delaby, directeur zonal adjoint de la police judiciaire de Lyon, lors de la conférence de presse.
L’excellent travail accompli par les policiers permet que justice soit rendue dans un temps assez record pour ce type d’affaire.
Jérôme Chappa, directeur interdépartemental de la police nationale de l'Isère
En revanche, le parquet de Grenoble et la direction de la police judiciaire se sont refusés à tout commentaire concernant les méthodes qui ont permis de localiser le suspect au Portugal, indiquant seulement que l'enquête "a nécessité des moyens humains et techniques importants, avec plus d'un millier de procès-verbaux rédigés dans le cadre procédural".
"Un soulagement immense" pour la famille
Pour les proches de la victime, c'est "un soulagement immense de voir ce cauchemar s’arrêter, commente leur avocat, Me Romain Ruiz. Mais aussi une prise de conscience du chemin qu’il reste à parcourir, vers des explications d’abord et vers la justice ensuite".
La famille Dejean veut comprendre "pourquoi leur père, leur frère et leur ex-conjoint a été tué" alors qu’il n’a fait preuve "d’aucune violence envers cet homme (le meurtrier, NDLR), qu’il ne l’a pas retenu physiquement et qu’il n’a pas été véhément", ajoute Me Ruiz.