Meurtre de Marie-Thérèse Bonfanti : "C'est une injustice supplémentaire", la famille conteste la remise en liberté d'Yves Chatain

Yves Chatain, qui avait avoué le meurtre de Marie-Thérèse Bonfanti en 1986 à Pontcharra (Isère), a été remis en liberté à la suite d'une décision de la Cour de cassation. La famille de la victime est venue contester cette mesure mardi devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Grenoble.

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C'était un double coup de massue pour la famille de Marie-Thérèse Bonfanti. Quelques jours après la décision de la Cour de cassation qui a considéré le meurtre de la jeune femme prescrit, l'auteur présumé, Yves Chatain, a été remis en liberté le 7 décembre.

"Sa libération, pour nous, c'est une injustice supplémentaire parce qu'on ne comprend pas. On se demande, alors que l'instruction n'est pas terminée, ce qui motive sa sortie. Moralement, on ne voit pas en quoi c'est justifiable", regrette Erika Bonfanti, la fille de la victime.

Le mis en cause de 57 ans était en détention provisoire depuis ses aveux en mai 2022. Il a reconnu, après 36 ans de mystère, avoir donné la mort à cette mère de famille de 25 ans le 22 mai 1986 à Pontcharra, en Isère. Des fouilles avaient permis la découverte du crâne de la jeune femme.

Le parquet de Grenoble a fait appel de sa remise en liberté sous contrôle judiciaire. L'audience se déroulait ce mardi 12 décembre devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Grenoble. La décision a été mise en délibéré au jeudi 14 décembre.

"Un supplice pour la famille"

"Le droit n'est pas aussi inflexible qu'on peut le penser. On peut aussi l'interpréter de la manière qu'on veut en fonction du dossier", estime Me Bernard Boulloud, l'avocat des proches de Marie-Thérèse Bonfanti, qui a demandé a minima un renforcement du contrôle judiciaire de M. Chatain.

Me Boulloud a notamment sollicité la mise en place d'un dispositif de surveillance électronique et l'interdiction pour le mis en cause de résider en Savoie, où habitent les parties civiles. "Ça a été un supplice pour la famille", relate-t-il. "On ne met pas le loup dans la bergerie, ce n'est pas possible."

"Pour nous, c'est un contrôle judiciaire qui ne sert à rien, abonde Erika Bonfanti. J'ai peur de me retrouver à faire mes courses dans le même magasin que lui. C'est aberrant de me dire qu'il faut que j'aie son visage en tête parce que je peux le croiser."

Décision attendue sur la prescription

À l'audience, l'avocate d'Yves Chatain a mis en avant l'arrêt de la Cour de cassation estimant qu'aucun élément ne constituait un "obstacle insurmontable à l'exercice des poursuites pouvant justifier la suspension de la prescription de l'action publique".

"Oui, mon client a bien tué Marie-Thérèse Bonfanti. Oui, la famille restera la victime", a déclaré Me Mélanie Muridi en préambule, ajoutant que le débat juridique ne portait "pas sur la culpabilité de M. Chatain mais sur la décision de la plus haute juridiction française".

Malgré la remise en liberté du suspect, l'instruction est toujours en cours sur le meurtre de Marie-Thérèse Bonfanti. À la suite de la décision de la Cour de cassation, il revient à la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Lyon de se prononcer sur la prescription ou non des faits. Cette décision déterminera l'éventuelle poursuite des investigations et aura des répercussions sur de nombreux cold cases.

"Une multitude de dossiers risquent de se refermer avec la bénédiction judiciaire. Ils vont passer aux oubliettes. Des meurtriers resteront en paix jusqu'à leur dernier jour alors que les familles resteront avec leur souffrance toute leur vie", craint Me Boulloud. L'audience devrait se tenir au cours du mois de janvier.

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