C'était un des plus vieux cold cases en France. Le meurtre de Marie-Thérèse Bonfanti en 1986 en Isère, a été élucidé en mai 2022 quand Yves Chatain a avoué le meurtre, 36 ans après. Un meurtrier présumé qui a été remis en liberté sous contrôle judiciaire ce jeudi 7 décembre. Le parquet de Grenoble a fait appel de cette décision de la juge d'instruction.
Yves Chatain, le meurtrier présumé de Marie-Thérèse Bonfanti, disparue le 22 mai 1986 à Pontcharra en Isère, a été remis en liberté sous contrôle judiciaire ce jeudi 7 décembre, a fait savoir la famille de la victime et leur avocat.
Mais pour Erika Bonfanti, fille de Marie-Thérèse, cette remise en liberté s'apparente à "une double injustice", quelques jours seulement après que le principe de prescription a été retenu par la Cour de cassation, dans une décision rendue publique fin novembre.
Le suspect avait avoué le meurtre de l'Iséroise en mai 2022 après 36 ans de mystère. "C'est un écœurement pour la famille. Cette décision est logique, car la Cour de cassation a prononcé la prescription. Yves Chatain pouvait donc demander sa remise en liberté. Juridiquement ce n'est pas illogique, mais humainement c'est un message négatif pour la famille, les enquêteurs, les proches. C'est un sentiment de gâchis judiciaire", a précisé l'avocat de la famille Me Bernard Boulloud.
"Aller jusqu'au bout"
"C'est difficile à comprendre. Il avoue un meurtre, puis on le laisse repartir en liberté, comme si de rien n'était. Émotionnellement, ça met un coup. Il faut arriver à se relever, on est dépités, on ne s'attendait pas à cette décision. Ce que je crains, c'est que la justice libère quelqu'un de dangereux", témoigne Erika Bonfanti.
"Nous continuons de subir, mais nous allons aller jusqu'au bout. Nous aurions voulu qu'il reste en détention au moins jusqu'à la fin de l'instruction", poursuit-elle. Car, si le principe de prescription a été retenu par la Cour de cassation, l'affaire est désormais entre les mains de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Lyon, désignée pour réexaminer le dossier.
Si Yves Chatain a été remis en liberté dans l'après-midi de ce jeudi, le parquet de Grenoble a fait appel de la décision de la juge d'instruction, a confirmé Eric Vaillant, procureur de la République de Grenoble.
Un des plus vieux cold cases
Marie-Thérèse Bonfanti, 25 ans, avait disparu le 22 mai 1986 alors qu'elle distribuait des journaux à Pontcharra. L'enquête s'était soldée par un non-lieu l'année suivante et l'affaire était devenue l'un des plus vieux cold cases de France.
Yves Chatain, qui avait été soupçonné puis mis hors de cause à l'époque des faits, a avoué en mai 2022 avoir donné la mort à la jeune mère de famille dont le crâne a été découvert à quelques dizaines de mètres du lieu où le meurtrier présumé a dit avoir abandonné le corps. Il avait alors été mis en examen pour enlèvement, séquestration et meurtre.
En janvier dernier, la cour d’appel de Grenoble avait rejeté la demande de prescription. La défense du suspect avait alors décidé de se pourvoir en cassation.