Meurtre de Victorine en Isère : "Je vais apporter le maximum de réponses", les premiers mots de l'accusé face à la famille de la victime

Le procès de Ludovic Bertin, accusé du meurtre de Victorine Dartois et du viol d'une autre jeune femme, s'est ouvert ce lundi devant la cour d'assises de l'Isère. L'accusé a affirmé vouloir apporter des "réponses" à la famille de l'étudiante, tuée à l'âge de 18 ans alors qu'elle rentrait d'un après-midi entre amies.

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Plus de quatre ans après le meurtre de Victorine Dartois, la famille de la jeune femme espère obtenir "la vérité" sur les circonstances de sa mort. Ludovic Bertin comparaît depuis ce lundi 25 novembre devant la cour d'assises de l'Isère, accusé du meurtre de l'étudiante précédé d'une tentative de viol.

"Je vais commencer par dire que je suis content que le jugement puisse débuter pour que je puisse apporter le maximum de réponses à la famille Dartois, même si j’ai conscience que tout ce que je peux dire ne va pas réparer ce que j’ai fait. C’est tout ce que j’avais à dire", a déclaré l'accusé, interrogé par la présidente lors de la première journée d'audience.

Ludovic Bertin, 29 ans, est apparu en polo gris dans son box, carrure athlétique, cheveux ras et barbe de trois jours. L'accusé, marié et père de famille, était un lointain voisin de la famille Dartois à Villefontaine, commune du nord de l'Isère. Il a été interpellé pour le meurtre de Victorine quelques semaines après les faits, dénoncé par l'un de ses plus proches amis craignant que Ludovic Bertin ne mette fin à ses jours.

Ce dernier a rapidement reconnu avoir donné la mort à la jeune femme, mais toujours nié la tentative de viol, évoquant une "altercation" à l'origine de son geste. "Une bousculade a eu lieu. Ensuite, il y a ce qu’il a perçu comme étant une invective, une injure, (...) quelque chose qu’il a interprété comme tel", a détaillé son avocat, Me Arnaud Adélise, interrogé par la presse en marge de l'audience.

"Ce qu'on veut, ce sont des explications"

La disparition de l'étudiante de 18 ans avait été signalée le 26 septembre 2020 par son père, ne la voyant pas rentrer d'un après-midi entre amies dans un centre commercial. Le corps de la jeune fille a été découvert deux jours plus tard dans un ruisseau sur la commune de Roche (Isère), présentant de nombreuses lésions ainsi que des marques de strangulation. Son pantalon a été retrouvé dans l'eau, à quelques centimètres de ses pieds, ceinture et braguette ouverte, bouton défait.

La mort de la jeune femme, décrite par ses proches comme timide, douce et gentille, avait provoqué une vive émotion. Une marche blanche avait notamment été organisée, réunissant plusieurs milliers de personnes. Au premier jour de l'audience, la famille Dartois a été "très éprouvée" par le rappel des faits, selon leur avocate, Me Kelly Monteiro.

"Ça a été très compliqué d'être confronté au meurtrier de leur fille et de leur sœur. C'est une journée qu'ils attendaient. (...) Ludovic Bertin n'a pas daigné leur donner un seul regard alors que mes clients l'ont regardé sans relâche. On n'a pas eu d'excuse mais on n'en attend pas spécialement. Ce qu'on veut, ce sont des explications qu'il a assuré de donner", a expliqué Me Monteiro.

Découvrant le visage du suspect dans la presse, lors de son interpellation pour le meurtre de Victorine, une autre jeune femme s'est fait connaître de la justice. Vicky* a déposé plainte en octobre 2020 pour viol à l'encontre de Ludovic Bertin, dénonçant des faits ayant eu lieu deux ans plus tôt, à son domicile, après une sortie en boîte de nuit. L'accusé évoque un rapport consenti tandis que la victime décrit une scène de violence et un rapport qu'elle s'était résignée à accepter alors que son agresseur l'étranglait. Elle avait d'abord renoncé à déposer plainte, préférant oublier.

Addiction à la cocaïne

Le parcours de vie de l'accusé a été retracé à l'occasion de la première journée d'audience, de son enfance "difficile" à son mariage conflictuel, revenant également sur sa réputation de "coureur de jupons". Ludovic Bertin a grandi à Bonnefamille, village du Nord-Isère, chez sa mère, avec son petit frère et ses cinq demi-frères et sœurs. Son père, qui ne l'a jamais reconnu et dont il garde peu de souvenirs, est décédé alors qu'il avait 9 ans.

Auprès de l'enquêteur de personnalité, l'épouse de Ludovic Bertin a raconté les violences dont il aurait été victime dans son enfance, sa mère l'ayant selon elle mis à la rue pendant quelque temps alors qu'il avait 16 ans. L'accusé a confirmé avoir été victime de violences, sans souhaiter en dire davantage, tandis que sa mère parlait simplement de "cris" réguliers.

Après un parcours scolaire chaotique, il ne décroche aucun diplôme mais trouve un emploi en tant qu'intérimaire puis dans le secteur du transport. Il ouvre finalement sa propre entreprise de transport en début d'année 2020 où il recrute son frère et son cousin, sans toutefois parvenir à se verser un salaire.

Décrit comme investi dans son travail par ses proches, il est aussi présenté comme le "meneur" de sa famille. Sa femme, qu'il a rencontrée à l'âge de 14 ans, parle d'un époux "très protecteur" et "généreux". Tous deux décrivent toutefois une relation houleuse, menant à des violences verbales et physiques. Ludovic Bertin reconnaît également avoir "beaucoup trompé" son épouse.

Le père de famille évoque une consommation d'alcool parfois excessive et son addiction à la cocaïne. Il a affirmé en avoir consommé "quotidiennement" lors des deux années précédant son interpellation, comme c'était le cas, selon lui, au soir du meurtre de Victorine Dartois.

"Nous savons que M. Bertin ne nous dit pas la vérité, c'est objectivé par les éléments que l'on a pu recueillir dans le cadre de l'enquête. (La famille Dartois) a besoin d'entendre le bourreau de leur fille dire ce qui s'est passé", a toutefois estimé l'avocate des parties civiles, souhaitant "confronter" l'accusé aux éléments recueillis dans le cadre de l'instruction. L'audience se poursuit ce mardi avec les auditions de proches de Ludovic Bertin.

Prénom d'emprunt.

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