Dans le cadre du projet de loi de finances 2025, le ministère de l’Enseignement supérieur veut imposer de nouvelles coupes budgétaires aux universités. Un risque de "situation critique" prévient le président de l’Université Grenoble Alpes, qui se mobilise aux côtés d’autres chefs d’établissement contre ces baisses de financement.
De nombreuses universités ont fermé leurs portes ce mardi 3 décembre, en signe de protestation contre les restrictions budgétaires exigées par le gouvernement. Mais celles de l’Université Grenoble Alpes sont restées ouvertes "pour ne pas pénaliser les étudiants".
Si la journée de mobilisation s’est révélée discrète dans la capitale des Alpes, la direction de l’établissement assure soutenir le mouvement national. "La situation générale est déjà dégradée, car il y a une grosse augmentation du nombre d’étudiants alors que les budgets et les dotations n’ont pas augmenté pour y faire face. L’augmentation du point d’indice des fonctionnaires était quelque chose de nécessaire, mais cela n’a pas été compensé par l’Etat entièrement. […] Et si ces mesures restent non compensées, ça va nous mettre en situation critique", prévient Yassine Lakhnech, président de l’Université Grenoble Alpes.
350 millions d'euros à économiser
Mobilisés d’une manière inédite, les présidents d’universités dénoncent des "chiffres qui circulent" les présentant en excédent de trésorerie. Ils arguent que chaque euro de leur budget est déjà alloué, notamment à des projets de recherches spécifiques, et que l'on ne peut utiliser le fonds de roulement pour "payer les factures".
Le ministre de l'Enseignement supérieur Patrick Hetzel a réagi à cette mobilisation en affirmant qu'une "révision en profondeur du système d'allocation des moyens alloués aux universités est indispensable".
Le communiqué de son ministère rappelle que dans le cadre d'"un effort de solidarité nationale demandé à l'ensemble des opérateurs publics", des économies "de l'ordre de 350 millions d'euros" ont été demandées aux établissements d'enseignement supérieur.
Vers moins d'étudiants et de formations ?
"Ce qui sera d’abord impacté, ce sera notre capacité à investir pour la rénovation énergétique des bâtiments. Et si ça continue, on devra aussi réduire la voilure de nos missions, et ça peut être très grave, regrette le président de l'UGA. Ça veut dire accueillir moins d’étudiants, alors que n’est pas ce dont a besoin la société ni la jeunesse. Et aussi diminuer les aspects de recherche, former moins de jeunes en doctorat et aussi innover moins. Moins investir dans l’avenir, ça se paye très cher."
Une prise de parole accueillie avec méfiance par le syndicat étudiant Unef, qui dénonce les décisions prises auparavant par le président : "C’est lui qui mène cette politique-là, lui qui décide de multiplier les contrats de vacataires, de supprimer des places. Donc s’il s’inquiète de ça aujourd’hui, ça nous fait un peu rire et en même temps ça nous inquiète. Car si même lui dit que c’est grave, c’est que c’est une attaque qui va être énorme", concède Léonce Doulat, secrétaire de l'Unef Grenoble.
Dans les universités, des étudiant•e•s aux présidences, la colère gronde face au manque de budget qui tue notre service public.
— UNEF (@UNEF) December 3, 2024
Mobilisons-nous massivement le 5 décembre face à Barnier, son austérité et son mépris de la démocratie ! pic.twitter.com/EnWvNJhHN3
Cette inquiétude est partagée par les enseignants, qui constatent déjà un manque de professeurs par rapport au nombre d’étudiants. "Chaque année, il manque des financements pour les universités. Sauf que là, l’attaque est plus grande. Ça serait des dépenses d’une autre échelle, impossibles à absorber même en faisant un plan d'austérité. Sachant que les universités sont déjà sous austérité", souligne Nicolas Sieffert, secrétaire de la section SNESUP-FSU Grenoble.
Plusieurs syndicats étudiants appellent à rejoindre ce jeudi 5 décembre le mouvement de grève dans la fonction publique, qui devrait être très suivi dans l'enseignement