Parole de salariés, entre peur et émotion au CHU de Grenoble

C'est la première fois depuis la publication du rapport ministériel Couty qu'une telle assemblée générale était organisée. Hier jeudi 25 janvier l'Intersyndicale a convié les salariés du CHU de Grenoble à témoigner de leur souffrance au travail. 

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"Nous avons des patients âgés très lourds, qui sont comparables à des tétraplégiques, qui ne font rien du tout de la journée et restent dans leur lit. Et le souci c'est que nous ne sommes que deux aide-soignantes l'après-midi pour 26 patients en ce moment. "

L'émotion serre la gorge et c'est parfois en étouffant des sanglots qu'ils s'expriment. Beaucoup ont refusé d'être filmés, de peur disent-ils, de représailles. Mais la souffrance est bien là.

"Aujourd'hui par manque d'effectifs dans toute la pédiatrie on nous oblige à travailler dans d'autres services qui requiert d'autres compétences que nous n'avons pas," explique une puéricultrice en réanimation néo-natale. "Nous mettons en danger les enfants et notre situation professionnelle"

"Et c'est ça la maltraitance au travail" ajoute-telle, "on a peur de mal faire pour l'enfant, pour la famille et pour nous". 

Toute la journée, les agents du CHU de Grenoble se sont succédés pour prendre la parole, évoquer les situations vécues dans leur service, ou simplement écouter. Certains sont aide-soignant en urologie, d'autres en chirurgie orthopédique. Présents aussi, les IADE, les infirmiers anesthésistes du bloc opératoire.

"On se retrouve au bloc avec du matériel défectueux voire vétuste, on a des cadences de travail intenables et c'est le cas j'ai 'impression de tous les professionnels"

Manque d'effectifs, arrêts maladie non remplacés, épuisement, problème de management... Ce sont toujours les même maux qui reviennent, ceux relevés par le rapport ministériel Couty.

Réunis en Intersyndicale depuis quelques semaines, les syndicats du CHU ont décidé d'organiser cette assemblée générale pour recueillir la parole des salariés. 

Les six syndicats s'estiment par ailleurs mis de côté par la direction, et oubliés par le rapport Couty. 

"Il y a un syndrome France Telecom qui existe dans tous les hôpitaux," explique Marc Eybert-Guillon, responsable départemental de la CGT santé 38.

"Il y a eu un suicide à Denain (Hauts de France) en décembre, un autre à Toulouse en janvier, c'est le sixième... Il y a des tentatives de suicide au CHU aussi, en lien qu'on le veuille ou non avec le travail, même s'il y a des raisons personnelles..." ajoute-t-il. 


Reportage Céline Aubert, Didier Albrand, Azedine Kebabti :

Lundi prochain l'Intersyndicale sera reçue par la direction. L'occasion de mettre sur la table les points précis relevé par les salariés. Ils espèrent faire remonter ces témoignages à la direction, car le système par pôles établi depuis 2005 a fait du CHU un géant où il est très difficile de se faire entendre.

Le temps presse, à la fin du mois un plan d'action doit être présenté au gouvernement, avec des effets visibles dès le trimestre suivant. 


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