Religion : grève de la quête dans le diocèse de Grenoble pour protester contre un communiqué "blessant" de l'évêque

Des adeptes de la messe traditionnelle prononcée en latin se sont sentis blessés à la lecture d'un communiqué publié le 2 septembre dernier par Mgr de Kerimel. Ils entament une grève de la quête pour être reçus par l'évêque.

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Une grève de la quête et du denier du culte vient d'être lancée dans le diocèse de Grenoble par des paroissiens de la collégiale Saint-André de Grenoble et de la paroisse de Notre-Dame de L’Isle à Vienne. Ils exigent d'être reçus par leur évêque.


Un communiqué "blessant pour les fidèles"


Tout est parti d’un communiqué de Mgr de Kerimel datant du 2 septembre dernier. L'évêque de Grenoble s'inquiétait des dérives de certains fidèles adeptes de la messe célébrée selon le rite tridentin appelée aussi messe de Saint Pie V.

"Quand de plus en plus de fidèles, pratiquant selon ce que le Pape Benoît XVI a appelé la forme extraordinaire du Rite Romain, remettent en cause la messe de Paul VI et de Jean-Paul II, jusqu’à la soupçonner d’invalidité ou même la déclarer telle, l’affaire devient grave. C’est ce qui circule sur les réseaux sociaux, entre autres. De même, quand certains fidèles préfèrent manquer la messe dominicale plutôt que de participer à une liturgie approuvée par les saints Paul VI et Jean-Paul II, il y a de quoi s’inquiéter sérieusement. Et quand certains osent déclarer à des prêtres qu’ils ne seraient pas vraiment prêtres, parce qu’ordonnés selon le Rite Romain en vigueur, nous sommes en face d’une négation du magistère authentique de l’Eglise et une remise en cause de l’Esprit Saint qui conduit l’Eglise à la vérité tout entière."

Un communiqué "très accusateur pour les paroissiens des deux lieux de culte, dans lesquels est autorisée la messe en latin" estime l'AFSAN (Association des fidèles de Saint-André et de Notre-Dame de l’Isle) qui dénonce "une caricature (...) en décalage grave avec la réalité".

 

Une demande d'explications à l'évêque

 

Ils seraient environ 500 fidèles à fréquenter ces deux lieux de culte. Des paroisses "florissantes et engagées dans le diocèse" qui ne pensent pas que la messe en forme ordinaire est invalide et ne refusent pas d'y communier, argumente l'association.

Selon elle "de très nombreux courriers personnels" adressés à l'évêque de Grenoble sont restés sans réponse. En attendant d'être reçus par Monseigneur de Kerimel, les fidèles entament donc une grève de la quête. Ce geste de solidarité des catholiques envers leur paroisse est très important. Il sert habituellement à financer des services paroissiaux comme la catéchèse mais aussi à payer des frais de fonctionnement de l'église comme le chauffage ou l'électricité.

 

"Un chantage pas très chrétien"

 

Monseigneur Guy de Kerimel s'est dit très surpris par cette manière agressive de réagir. "Je n'ai jamais dit que je ne les recevrai pas" explique-t-il agacé par ce qu'il qualifie de "gamineries", de "chantage pas très chrétien". L'évêque de Grenoble reconnait avoir reçu "21 lettres" et en avoir pris connaissance. Il dit aussi avoir l'intention de rencontrer le groupe qu'il "ne compte pas abandonner à lui-même" mais il faudra attendre son retour de Rome où il part ce dimanche pour une semaine.

Monseigneur de Kerimel ne cache pas sa décision de suivre les directives du pape François. Les fidèles pourront toujours assister à des messes en latin avec chants grégoriens mais "la seule règle de prière sera le Missel Romain de Paul VI" prévient-il.


Limiter les messes en latin, une volonté du pape François

 

Alors que le pape Benoît XVI avait donné aux fidèles la possibilité de bénéficier plus facilement de messe en latin en lui donnant le statut de "rite extraordinaire" en 2007, le pape François a fait machine arrière. Par Motu Proprio "Traditionis Custodes" publié le 16 juillet dernier, il a posé des conditions très restrictives à l'usage du rite tridentin. Alors qu'il suffisait qu'un groupe stable de fidèles demande au curé de sa paroisse de célébrer la messe en latin pour que celle-ci lui soit accordée, c'est désormais à l'évêque de décider dans son diocèse.

Le pape a pris cette décision après avoir constaté que l'opportunité offerte aux traditionnalistes par le pape Benoît XVI avait été "exploitée pour élargir les fossés, renforcer les divergences et encourager les désaccords qui blessent l'Eglise, bloquent son chemin et l'exposent au péril de la division".

 

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