REPORTAGE. Sa maison squattée, un retraité ne peut pas la vendre pour payer son Ehpad : "Tout a été vidé, tout a disparu"

Depuis fin janvier, à Grenoble, la maison de Jacques est occupée par des squatteurs. Placé sous curatelle, cet homme âgé de 77 ans devait mettre son bien en vente afin de financer sa maison de retraite. Aujourd’hui, ses proches se battent pour faire expulser les occupants et récupérer la maison de famille.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

"Le sommeil a disparu depuis 10 jours" se désole Roger Seyvet, qui nous a donné rendez-vous rue Alfred de Vigny. C’est dans ce quartier résidentiel du sud de Grenoble que se situe la maison de son cousin Jacques, un retraité handicapé de 77 ans.

"Je suis son curateur, je m’occupe de tous ses papiers et de sa maison, explique Roger. Je m’occupe de l’entretien, j’appelle le serrurier, le chauffagiste. Il y a toujours quelque chose qui ne marche pas dans cette maison".

Après l’entrée de Jacques en maison de retraite en septembre dernier, la famille décide de vendre le bien. Le 13 janvier, le juge des curatelles donne son accord et Roger commence à prendre contact avec deux agences immobilières. Jusqu’à cet appel téléphonique, qui fait chavirer tous ses plans.

La maison squattée juste avant la mise en vente

"Le 26 janvier, j’ai reçu un appel d’une voisine qui m’a prévenu que la maison était squattée. J’ai immédiatement déposé plainte en fin d’après-midi pour ‘dégradation ou détérioration d’un bien appartenant à autrui et violation de domicile’" raconte le curateur. Selon lui, d’autres voisins avaient signalé l’intrusion trois jours plus tôt auprès du 17 mais leur demande aurait été refusée "au motif qu’ils n’étaient pas les propriétaires".

À l’appel de Roger, des policiers finissent par se rendre sur les lieux. "Ils m’indiquent que l’occupation des locaux remonte à plus de 48 heures, et qu’ils ne peuvent rien faire, déplore-t-il. Accompagné des forces de l’ordre, il parvient à entrer pour faire un état des lieux de la villa. "On a vu que les pièces étaient surchauffées, que les meubles étaient vidés de leur contenu. La seule occupation de mon cousin en EHPAD, c’est la lecture. Il avait une belle bibliothèque avec plein de livres, et tout a été vidé. Il y avait des souvenirs de famille, mais tout ça a disparu". 

Pendant notre échange avec Roger, des allées et venues autour de la maison montrent qu’elle est habitée. Deux voitures sortent de la cour et une épaisse chaîne avec cadenas a été enroulée autour du portail.

"Je réclame l’intervention du préfet"

Selon lui, neuf squatteurs auraient été identifiés, dont cinq enfants. "La police nous dit qu’il faut une décision du préfet pour émettre un ordre d’expulsion. Je pensais que lorsque l’on constatait une occupation illicite de manière immédiate, on pouvait expulser les squatteurs. Mais non !"

Désespéré, le curateur s’inquiète pour l’avenir de son cousin. "Le montant de sa retraite est insuffisant par rapport au montant de son logement en EHPAD", détaille-t-il. D’après lui, la prise en charge dans l’établissement coûterait 2600 euros par mois, alors que la pension du vieil homme ne serait que de 1500 euros.

"Je réclame l’intervention du préfet pour qu’il mandate la police afin d’expulser les squatteurs, et qu’on puisse vendre la maison", conclut-il.

Lors de sa dernière visite aux côtés des policiers, Roger a pu récupérer quelques cadres dans la maison. Une maigre consolation pour la famille, qui s’en remet désormais aux services de l’Etat. 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité