Dans une tribune parue dans Le Monde ce mardi, des enseignants de Sciences Po Grenoble défendent leur établissement "calomnié dans la presse par l’un de (leurs) collègues". Ils dénoncent les propos de Klaus Kinzler à leur encontre.
Ils s'estiment victimes d'"attaques infondées". Un collectif d'enseignants de Sciences Po Grenoble a pris position contre Klaus Kinzler, le professeur de civilisation allemande suspendu par la direction, dans une tribune parue mardi 4 janvier dans le journal Le Monde. La suspension du professeur avait relancé la polémique autour de la liberté d'expression qui secoue l'établissement depuis plusieurs mois.
"Les propos insultants colportés par notre collègue, qui nous accuse désormais d'être 'un institut de rééducation politique', sont repris sans aucune vérification par des femmes et hommes politiques de tous niveaux", déplorent une trentaine d'enseignants de l'IEP dans ce texte.
"Que savent nos détracteurs de ce qui se passe à Sciences Po Grenoble ? (...) Ont-ils pris le temps de lire le travail collectif que nous avons produit sur le concept de neutralité scientifique, pourtant librement accessible sur notre blog ? Ont-ils aussi pris le temps d'échanger avec nos étudiantes et étudiants ?", questionnent-ils. Ce collectif assure aussi que cette "controverse sur le 'wokisme' ou la 'cancel culture' (leur) est étrangère".
Visé par des accusations d'islamophobie en mars 2021, Klaus Kinzler a décrit dans des interviews début décembre l'IEP de Grenoble comme un institut de "rééducation politique" en accusant un "noyau dur" de collègues, adeptes selon lui des théories "woke", d'endoctriner les étudiants, et la direction de laisser faire. Ces propos jugés diffamatoires par la direction de l'IEP lui ont valu d'être suspendu.
Cette décision a suscité de nombreuses réactions politiques, notamment celle du président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez qui a suspendu ses financements à l'école. Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer a lui-même critiqué la suspension de l'enseignant la qualifiant d'"erreur formelle" de la part de la direction de l'IEP. Il s'est dit "certain que la priorité n'est pas de sanctionner ce monsieur".
Une pétition réclame son retour
Le début de cette affaire remonte à fin 2020 quand Klaus Kinzler et une collègue historienne avaient échangé des courriels véhéments à propos d'une journée de débats intitulée "racisme, antisémitisme et islamophobie" en contestant cette formulation et en critiquant l'islam.
Le 4 mars, le professeur avait été, avec un autre enseignant, la cible d'affichettes l'accusant d'"islamophobie" placardées par des étudiants à l'entrée de l'institut et relayées sur les réseaux sociaux par des syndicats.
Par ailleurs, une pétition en ligne, réclamant le retour du professeur d'allemand à l'IEP, recueillait mardi plus de 11 500 signatures. Son auteur, un soutien de Klaus Kinzler, estime que l'enseignant est "victime d'une campagne ad nominen de diffamation et d'intimidation par des étudiants gauchistes de l'IEP de Grenoble".