Le train du quotidien a attiré un nombre croissant de voyageurs ces 5 dernières années. MAis le réseau sature et les investissements annoncés par le gouvernement sur le ferroviaire sont très attendus par les usagers
Matériel vétuste, retards, trains bondés : comme en Ile-de-France, les usagers de la région Auvergne-Rhône-Alpes ne décolèrent pas et appellent la région et la SNCF à réagir, au moment où le gouvernement promet d'investir massivement dans les réseaux ferrés du territoire.
"Des trains courts aux heures de pointe, et les débuts et fins de week-end, des personnes debout de façon systématique. Une fois de plus, la France passe pour un pays offrant des prestations lamentables", fustige une récente pétition des usagers du Lyon-Genève, soutenue par plus de 2.000 signatures. Lyon-Avignon, Lyon-Saint-Etienne, Lyon-Grenoble, le Grenoble-Gap, ou des lignes péri-urbaines comme Lyon-Villefranche ou Lyon-Vienne rencontrent aussi des difficultés.
Un matériel roulant à bout de souffle
Pour Nicolas Peyrard, président de la Fédération nationale des usagers des transports (Fnaut) en Auvergne-Rhône-Alpes, la deuxième région ferroviaire de France, les acteurs que sont la région, l'Etat et la SNCF doivent répondre à plusieurs défis. "Il y a d'abord les retards, qui peuvent être catastrophiques sur des lignes comme Lyon-Genève... c'est lié aux infrastructures limitées, aux nœuds ferroviaires TER et fret, à un matériel roulant à bout de souffle", explique-t-il.
Sur d'autres lignes très fréquentées comme Lyon-Saint-Etienne ou Lyon-Grenoble, il y a le manque de rames. "Sur ces lignes il n'y a le plus souvent qu'une rame de 600 passagers au lieu de deux, donc beaucoup gens restent debout", selon M. Peyrard. Le phénomène est aggravé par le regain de popularité des TER avec le Covid: "la hausse du prix de l'énergie a encouragé les voyages en train, le télétravail fait que les heures de pointe critiques ne se limitent plus aux lundis et vendredis".
On estime à 15 à 20% l'augmentation du taux de fréquentation sur les lignes SNCF de la région, et vu que le système semble à bout de souffle, je ne suis pas sûr qu'on soit en mesure de tenir bien longtemps
Nicolas Peyrardprésident de la Fédération nationale des usagers des transports
, redoute-t-il. Un constat partagé par SNCF voyageurs, qui observe en particulier une hausse "de l'ordre de 20% sur l'axe Lyon-Valence, qui dessert la gare de Vienne".
"On a un réseau vétuste, des problèmes d'organisation à la SNCF, une explosion surprenante du trafic ces derniers mois qui crée une forte tension sur le matériel, et une multiplication de grèves locales", regrette Frédéric Aguilera, en charge des transports à la Région Aura.
"Comme toutes les activités industrielles, SNCF Voyageurs-TER en Auvergne-Rhône-Alpes connaît des tensions sur la disponibilité et l'approvisionnement en pièces de rechanges", argumente
"Il faut un choc d'investissement"
Selon M. Peyrard, les problèmes d'infrastructures sont parfois si criants qu'ils menacent certaines lignes, comme Lyon-Roanne ou Lyon Bourg-en-Bresse, "restées dans leur jus" avec leur voie unique et une signalisation datant des années 1970."Des petites lignes en Auvergne ou Grenoble-Gap ou Valence-Digne se battent pour garder leurs trains. Et on n'aimerait pas que l'exemple de la fermeture d'un large tronçon de Saint-Etienne-Clermont (en 2016, ndlr) se répète".
"Il faut un choc d'investissement", assène M. Aguilera, en écho d'une récente tribune de 15 présidents de région réclamant à l'Etat d'augmenter ses investissements annuels de régénération du réseau ferré de 3,1 à 10 milliards annuels: sinon, "sous cinq ans il peut y avoir énormément de lignes qui ferment".
"Plan de revitalisation" des petites lignes, développement des RER dans 10 métropoles, définition des voies d'accès du Lyon-Turin, contournement du nœud ferroviaire lyonnais.
Le gouvernement a lancé plusieurs initiatives pour revitaliser le réseau régional. La région attend des engagements fermes, en pestant sur l'aide exceptionnelle de 200 millions d'euros récemment accordée à Ile-de-France Mobilités. "L'argent de tous les Français ne peut être utilisé pour protéger le pouvoir d'achat des habitants d'une seule région", a tonné Laurent Wauquiez, président LR de la région. Et à l'heure de l'ouverture à la concurrence, il faut maintenir l'investissement sur le réseau, prévient M. Aguilera.
Les propositions du Conseil d'orientation, attendues en janvier, seront scrutées. En juillet, le ministre délégué aux Transports Clément Beaune avait prévenu qu'on ne pourrait "faire dans le même temps de la grande vitesse, de la régénération, du soutien aux petites lignes, sans séquencer ou prioriser".