Plus de 120 œuvres de Joan Miró ont été prêtées par le Centre Pompidou au musée de Grenoble pour une exposition exceptionnelle qui s'ouvrira le 20 avril. Parmi ces toiles, le célèbre triptyque des Bleus, repère incontournable de l'art moderne, a été décroché mercredi du musée parisien.
Il a toujours voulu rester l'enfant qui échappait au parcours tout tracé par son père bijoutier. Joan Miró disait vouloir violer les règles, les normes de la peinture et de la destinée. En 1961, alors qu'il est à l'aube de ses 70 ans, installé à Palma de Majorque, il peint pour la première fois en très grand format.
Avec ses toiles bleues immenses, Miró fait le vide, comme le calligraphe qui cherche le juste geste. "Il a eu recours à la métaphore de l'archer japonais et pour Miró, ce n'est pas une comparaison vaine. Il est absolument nourri d'art extrême-oriental, il a fait plusieurs voyages au Japon et en fera encore après cette date", explique Aurélie Verdier, conservatrice en chef au musée national d'Art Moderne.
"L'archer japonais se prépare par une méditation assidue, chose que Miró va faire toute sa vie d'une certaine manière, poursuit-elle. C'est un peintre de l'intériorité. Il se prépare pendant longtemps et, une fois qu'il a la maîtrise physique de ce qu'il va faire, la réalisation peut intervenir rapidement."
Une opération délicate
A Paris, ce mercredi 27 mars, l'heure était aux derniers gestes pour s'assurer que le trésor pourra voyager en toute sérénité. Des manipulations précises pour acheminer plus de 120 œuvres, exceptionnellement prêtées au musée de Grenoble par le Centre Pompidou.
"C'est une opération très délicate parce que ce sont des chefs d'œuvre, des œuvres repères dans la collection du Centre Pompidou, repères dans l'histoire de l'art (...). Les décrocher, ce n'est pas anodin", souligne Xavier Rey, directeur du musée national d'Art Moderne.
Ces toiles vont voyager vers la capitale des Alpes où se tiendra l'exposition "Miró, un brasier de signes", à voir au musée de Grenoble du 20 avril au 21 juillet. Un prêt qui s'inscrit dans une longue histoire de complicité avec une institution pionnière.
"Grenoble a acheté Picasso avant l'Etat et c'est devenu dans l'identité du musée après les années. Donc on a à cœur de soutenir le projet des expositions du musée de Grenoble", souligne Xavier Rey, directeur du musée national d'Art Moderne.
Les bleus de l'artiste peintre resteront un an au musée de Grenoble pour faire découvrir l'univers de Miró plus largement dans l'Hexagone. Un voyage de rêve en rêve, au-delà de la conscience, dans un autre espace temps surréaliste.