VIDEO. Comment transformer sa vieille voiture essence ou diesel en véhicule électrique : on vous dit tout

Comme la marraine de Cendrillon qui transforme la citrouille en carrosse doré, le rétrofit a pour objectif de convertir votre vieille voiture essence ou diesel en un véhicule électrique tout nouveau et tout beau. Mais la technique pose questions. On vous explique comment ça marche.

Sur le papier, c’est comme un tour de magie : en quelques heures, votre vieille voiture pétaradante peut être transformée en véhicule électrique, silencieux, sobre et non polluant. L’opération est simple : il suffit d’enlever le moteur, le réservoir d’essence et le pot d’échappement et de les remplacer par des packs de batteries et un moteur électrique. Cela s’appelle le rétrofit (rénovation ou mise aux normes en bon français).

Nous préférons dire qu’il vaut mieux transformer les 1,3 milliard de voitures qui circulent sur la planète, plutôt que de les jeter et d’en produire 1,3 milliard à nouveau.

« C’est vraiment une solution d’avenir pour accompagner le parc de véhicules à se transformer », explique Sylvain Deplace, cofondateur de Tolv à Grenoble.

3€ les 100 kilomètres

Une fois transformé, votre véhicule sera doté d’une nouvelle carte grise, il arborera un nouveau tableau de bord, avec l’état de charge à la place du niveau de carburant, et disposera sur son flanc d’une grosse prise électrique, là où il y avait la trappe à essence.
Au premier tour de roue, vous serez impressionné par le silence de son moteur électrique et chaque voyage ne vous coûtera plus que 3€ les 100 kilomètres, contre 10€ ou plus lorsqu’il était encore une citrouille thermique. De même, il produira 60% de gaz à effet de serre en moins. Du coup, vous aurez droit à une vignette Crit’Air 0 et vous aurez le droit de circuler librement dans les zones à faible émission déjà existantes (Lyon, Grenoble, Saint-Etienne) ou à venir (Annemasse, Annecy, Chambéry et Clermont-Ferrand).
Un vrai tour de passe-passe quand on sait que par exemple Lyon s’apprête à interdire les véhicules avec une vignette Crit’Air 3 (essence de plus de 18 ans et diesel de plus de 13 ans) au 1 er janvier 2025.

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Les packs de batterie remplacent le réservoir d'essence sous le châssis du véhicule. ©Mathilde Iehl et Jean-Christophe Solari / France 3 Auvergne-Rhône-Alpes
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Dans la pratique pourtant, le rétrofit a du mal à décoller, alors même que cela fait presque 4 ans maintenant qu’il a été autorisé en France. On estime qu’une centaine de voitures – et 500 mobylettes et scooters – seulement ont été transformés dans tout le pays depuis avril 2020. Il s’agit principalement d’utilitaires appartenant à des artisans, des entreprises ou des collectivités locales. On compte aussi quelques véhicules anciens (Fiat 500, 2CV ou 4L), "rétrofités" de manière artisanale. Et puis il y a les trois cars scolaires de la Communauté d’agglomération Porte de l’Isère (CAPI), dont le premier exemplaire vient tout juste d’être livré à Bourgoin-Jallieu (Isère).

16.000 à 30.000€ pour un véhicule

Il faut dire que l’opération coûte cher : de 16.000 à 30.000€ pour un véhicule léger, de 20.000 à 35.000€ pour un utilitaire et jusqu’à 200.000€ pour un bus. Certes, il y a des aides de l’Etat (jusqu’à 6.000€ pour la voiture d’un particulier et 10.000€ pour une camionnette, sous conditions de ressources) et de quelques métropoles, mais cela reste un investissement conséquent quand les citadines électriques les moins chères s’achètent neuves autour de 25.000€.

Autres arguments qui dissuadent les candidats au rétrofit : l’autonomie, limitée à 150 kilomètres en moyenne, et la vitesse, bridée à 100 ou 110 km/h. « La transformation consiste à mettre des composants dans des volumes contraints, dans l’espace dédié au moteur et au réservoir ; cela ne permet pas toujours d’installer autant de packs de batterie que l’on voudrait et cela joue sur l’autonomie  », concède Wadie Maaninou, le PDG de Tolv. « De même, si la vitesse est limitée, c’est parce que chaque km/h au-dessus de 100 sollicite davantage la batterie ».

 Un marché au ralenti

Enfin, la filière du rétrofit n’est pas très développée. Pour y accéder et vendre des véhicules en série, il faut obtenir une homologation de l’UTAC, l’Union technique de l'automobile, du motocycle et du cycle, qui doit valider, dans ses laboratoires, les kits de conversion et leur mode d’installation, modèle de voiture par modèle de voiture. Il s’agit de vérifier à chaque fois la répartition des charges, le respect des normes de sécurité ou les performances environnementales. Résultat : sur la quinzaine d’opérateurs installés en France (en comptant les spécialistes du vélo et du scooter), seuls trois ou quatre ont obtenu l’homologation, tels le Normand Lormauto, qui loue des Twingo rétrofitées, ou le Provençal R-FIT, qui transforme votre 2CV ou votre 4L. Deux start-up n’ont pas tenu le choc et ont été récemment liquidées : la Parisienne Carwatt et l’Orléanaise Transition One.

« L’industrialisation est en route! », affirme cependant Wadie Maaninou. Son entreprise, Tolv, basée à Fontaine (Isère), est l’une des pionnières du rétrofit en France. Très vite, elle s’est spécialisée dans la transformation des utilitaires.

Les restrictions de circulation en zones urbaines et péri-urbaines font que les professionnels, les artisans et les entreprises sont obligés de prendre les devants. Leurs camionnettes et fourgons, ce sont des « véhicules outils », ils en ont besoin tous les jours.

Tolv a donc ciblé ce marché-là, celui des gros véhicules, qui absorbent plus facilement le coût du rétrofit. Après avoir obtenu l’homologation sur le Renault Trafic de seconde génération (produit entre 2000 et 2006), l’entreprise vient de remporter un appel à projet, doté d’un million d’euros, pour transformer des Renault Master : pour 19.400€ hors taxe, les fourgons seront équipés d’un moteur électrique de 81 chevaux et d’une batterie de 52kWh. « La transformation a vocation à être pertinente par rapport à la catégorie d’utilisateurs que nous visons : pour un professionnel qui ne fait pas plus de 100 à 200 kilomètres par jour et qui roule en zone urbaine, le rétrofit lui coûtera deux fois moins cher qu’un van électrique neuf à plus de 60.000€  ».

Wadie Maaninou est persuadé aussi que, avec l’industrialisation, l’offre va s’élargir et les acteurs se multiplier, tandis que les coûts des composants devraient baisser. A terme, le rétrofit devrait vraiment être accessible aux particuliers : « Dans les foyers français, aujourd’hui, il y a souvent deux véhicules. On peut en rétrofiter un pour ses déplacements domicile-travail et garder le second, thermique, pour partir en vacances  ».

Le rétrofit, un reportage de Mathilde Iehl et Jean-Christophe Solari, diffusé dans l’émission Enquêtes de région consacrée aux économies d’énergie ce mercredi 31 janvier sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes, à revoir en REPLAY sur  france.tv
Présentation : Julien Le Coq - Rédaction en chef : Laurent Mazurier

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