Une enquête est ouverte par le parquet de Grenoble après une dizaine de signalements d'étudiants au sein de GEM, l'école de management. Au cours de soirées, des jeunes auraient eu une perte de mémoire profonde, caractéristique de la prise de GHB, la drogue du viol.
On les appelle les SAT, les soirées à thème de l'école de Grenoble école de management (GEM). Elles sont organisées par les associations étudiantes de l'établissement et rassemblent des centaines de participants, tous issus de l'école.
C'est au cours de ces fêtes qu'une dizaine d'étudiants auraient eu des pertes de mémoire profonde, dont une jeune fille testée positive au GHB.
Eric Vaillant, procureur de la République de Grenoble, a confirmé avoir reçu officiellement un signalement de la direction de GEM le 20 octobre. Cette dernière a indiqué que du GHB avait vraisemblablement circulé au cours de trois soirées organisées par les étudiants de l’école dans la première quinzaine d’octobre, plusieurs d’entre eux ayant présenté le symptôme de perte de mémoire caractéristique de cette drogue dite drogue du violeur.
"Aucune plainte pour viol ou tentative de viol n’a pour l’instant été déposée", a indiqué à France 3 Alpes le procureur qui a confirmé l'ouverture d'une enquête : "Celle-ci va dire s'il y a des victimes, s'il y a des liens entre elles, qui a fourni le produit et si certains ont pu être victimes d'infractions particulières de type vol ou agressions sexuelles".
Depuis quelques années, la parole s'est libérée dans le monde étudiant. A Grenoble, une douzaine d'enquêtes préliminaires pour agressions sexuelles sont en cours, la plupart au sein de Sciences-Po.
Les grandes écoles ont même signé une convention avec le parquet pour faciliter les signalements. "Le phénomène n'est pas nouveau", explique le procureur de Grenoble Eric Vaillant, "mais ce qui change, c'est que désormais les étudiants se tournent vers les directions de leur établissement, et ceux-ci mettent en place des dispositifs de prise en charge au sein de l'école. Il fallait qu'on organise ça et c'est le sens de la convention des liens signée avec le parquet, parce qu'au bout d'un moment, il faut faire des enquêtes".
La direction de GEM, en revanche, n'a pas souhaité s'exprimer devant notre caméra. Sur le parvis de l'école, un jeune homme nous a dit être inquiet pour ses amies étudiantes. Une jeune fille a confié faire toujours attention dans ces soirées.
Mais lors de l'interview, d'autres jeunes les ont rejoints, et ont semble-t-il fait pression sur les jeunes qui avaient accepté de parler, et qui nous ont demandé d'effacer leur témoignage, preuve sans doute d'une ambiance pesante, d'un malaise au sein de cette école de management.