VIDEO. Isère : une trentaine de victimes potentielles d'un chirurgien grenoblois se font connaître

Une trentaine de nouvelles victimes potentielles d'un chirurgien grenoblois ont été convoqués par l'avocat des parties civiles, ce jeudi 2 mai. Des cas signalés suite à l'ouverture d'une enquête par le procureur de Grenoble. But de l'opération : les informer de leurs droits.

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La salle était comble, comptant une trentaine de personnes avec un point commun : toutes souffrent de séquelles après une opération orthopédique menée par le même chirurgien grenoblois. Ce jeudi 2 mai, elles s'étaient réunies à l'appel de l'avocat de plusieurs patients se trouvant dans une situation similaire. Me Édouard Bourgin avait réclamé publiquement, il y a trois semaines, que la justice pénale se saisisse des activités du docteur V.

L'avocat suit actuellement cinq dossiers, dont deux ont fait l'objet d'une plainte au pénal. Une enquête préliminaire avait été ouverte fin 2016 pour mise en danger de la vie d'autrui et escroquerie. Elle n'a donné lieu à aucune mise en cause pour l'instant. Puis l'affaire a pris une ampleur inédite le mois dernier, à la suite de la suspension pour 18 mois du médecin par le Conseil de l'ordre. Cette sanction a pris effet mercredi.
 


Une nouvelle qui a poussé plusieurs de ses patients à entrer en contact avec l'avocat des parties civiles. Depuis, il affirme avoir été submergé d'appels de personnes affirmant souffrir après avoir été opérées par ce médecin. Mais Me Bourgin les a prévenues qu'il "n'est pas certain que tous les cas soient recevables".

Emma-Rose, 59 ans, a été opérée en mars et octobre 2016 pour des douleurs fulgurantes au dos, sous peine de finir "en fauteuil roulant", lui avait dit le chirurgien. Comme elle souffre toujours, "il a avoué m'avoir coincé le nerf sciatique", affirme-t-elle, "mais j'étais terrorisée à l'idée d'une troisième opération". Elle a dû cesser de travailler, et marche encore avec un bâton de marche.
 
Katy, 56 ans, "ne peut pas faire plus de deux mètres sans tomber", et circule en fauteuil électrique. "Il m'a opérée sept fois, et à chaque fois que je revenais, c'était ma faute, « tu as trop forcé », « tu as fait une chute »... j'avais l'impression d'être une bonne à rien, une folle, cette réunion me donne du courage", souffle-t-elle, les larmes aux yeux. 

 

"Je ne fuirai pas mes responsabilités"


Après sa suspension, il est reproché au Dr V., sur la base d'une soixantaine de dossiers, d'avoir souvent pris des décisions d'opérer sans disposer "de tous les éléments nécessaires" , et surtout de ne fournir "aucune explication convaincante" sur une trentaine de complications postopératoires.

En outre, le 25 avril, l'ordre des médecins de Rhône-Alpes a prononcé contre lui un blâme dans l'un des dossiers suivis par Me Bourgin. L'avocat voit dans cette affaire "un scandale de santé publique". Il dénonce une certaine "inaction des institutions censées enquêter et réprimer, alors que c'était à Grenoble un secret de polichinelle que ce médecin avait une tendance compulsive à opérer dans des conditions de légèreté absolue".
 
Me Bernard Boulloud, l'avocat du Dr V., a au contraire souligné que la décision du Conseil de l'ordre des médecins était un peu plus clémente que celle de première instance (trois ans de suspension dont un seul avec sursis), suggérant que le "lynchage médiatique" avait pu influencer le jugement de l'ordre régional.

Il a annoncé poursuivre devant l'ordre un médecin-conseil de la CPAM à l'origine du dossier ayant abouti à la suspension du Dr V., l'accusant "d'acharnement" et d'une "campagne de dénigrement". Le Dr V., a-t-il conclu, "espère être mis en examen". Actuellement "au fond du trou", il "ne fuira pas ses responsabilités et se défendra", a promis son avocat.

 
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