Ce 14 juillet, une petite centaine de salariés de Ferropem a marché vers le château de Vizille, où a débuté la Révolution Française. En reconstituant cette "prise de la Bastille" en Isère, ils dénoncent l'oeuvre d'actionnaires "affameurs des temps modernes" et la suppression de 350 emplois.
232 ans après la prise de la Bastille, les salariés de Ferropem mènent leur propre révolution. Ce 14 juillet 2021, ils se sont donné rendez-vous dans le square de la révolution de Vizille. Ils ont ensuite marché vers le château de la commune pour commémorer la prise de la Bastille.
#Isère #Social #FerroPem : 14 juillet 2021, les salariés de l’usine des Clavaux menacée de fermeture vont prendre « leur » Bastille, leur employeur le groupe mondial Ferroglobe. Une marche symbolique vers le château de #Vizille où a débuté la Révolution Française pic.twitter.com/3Zs02lYXbL
— Céline Aubert (@celaubert) July 14, 2021
Avec cette manifestation pacifique, les salariés protestent contre la fermeture de deux sites de production de silicium de l’entreprise Ferropem, l’une située en Maurienne et l’autre à Livet-et-Gavet en Isère. Au total, 350 emplois sont menacés.
Une lutte en écho avec celle de 1789
En costume d’époque, les salariés concernés ont choisi ce lieu symbolique pour défendre leurs intérêts. Car c’est de Vizille qu’est partie la Révolution Française avec l’assemblée des états généraux du Dauphiné de 1788, qui préfigurait celle tenue un an plus tard à Versailles, débouchant sur la prise de la Bastille et la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.
"Dans le préambule de notre actuelle Constitution de la République, figure le droit d’avoir un emploi. Ce droit est battu en brèche par nos actionnaires qui, au détriment de l’intérêt national et des Droits de l’Homme, transforment nos vallées en champ de ruines. Les actionnaires de Ferroglobe (ndlr : la maison mère) de 2021 sont les affameurs des temps modernes, ceux-là même qui en 1788 spéculaient sur le blé afin d’en faire monter les prix en pleine famine" justifiaient les syndicats dans un communiqué.
On essaye de trouver des solutions pacifiques
"On ne pouvait pas passer à côté de cet évènement parce qu’on a la chance d’habiter au pied du musée de la Révolution Française, ajoute Mourad Moussaoui, délégué syndical Force Ouvrière, au micro de France 3 Alpes. Et comme on a décidé de combattre pacifiquement sans faire la grève, il fallait trouver des idées à thème pour médiatiser cette affaire. En France, il faut mettre le feu et tout casser pour attirer les médias, et je trouve que c’est dommage. Aujourd’hui, on essaye de trouver des solutions pacifiques".
Le 30 mars, Ferroglobe, la maison-mère, avait annoncé la suppression de 350 emplois en France, dont 131 aux Clavaux à Livet-et-Gavet et 221 à La Léchère (Savoie), en invoquant un "défaut de compétitivité" de ces usines vouées à être "mises en sommeil" et non fermées - pour éviter d'avoir à payer le coût de leur dépollution, selon les syndicats CGT et FO.
Ferroglobe met en avant des pertes financières, liées selon lui à une baisse de la demande et à la chute des cours depuis 2018 en raison de la concurrence du silicium chinois, mais les syndicats dénoncent une mauvaise gestion source d'endettement et des erreurs opérationnelles. Un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) doit être négocié jusqu'au 7 octobre.