Sur le plateau d'Emparis, entre l'Isère et les Hautes-Alpes, les éleveurs de brebis sont désemparés face aux attaques de loup à répétition.
En ce début d'été, les attaques de loups se multiplient autour du plateau d'Emparis, entre l'Isère et les Hautes-Alpes. Alors que plusieurs brebis ont été victimes du prédateur au Chazelet (Hautes-Alpes), les deux éleveurs du village sont désemparés. Ils assistent, impuissants, au bal des vautours qui se délectent des cadavres de leurs bêtes. "Ce sont les plus belles qui sont attaquées, se désepère Michèle Sionnet, éleveuse. On dirait que le loup "trie" ses proies."
3674 attaques de loups en 2018
Pour limiter les risques, l'agricultrice est contrainte de renoncer à laisser ses bêtes vaquer en alpages. Ses brebis, traumatisées par les attaques, sont parquées dans un enclos de fortune. "Ca me fait peine quand je vais les voir le soir : certains unes boitent, d'autres boudent. Je vois qu'elles souffrent." Cette situation fait monter la colère et l'incompréhension chez les éleveurs face au plan loup du gouvernement, qui vise à assurer la viabilité de l'espèce en France. "C'est l'été, dans les alpages, que nos bêtes prennent de la valeur. C'est notre fond de commerce. On est en train de mettre en l'air des systèmes qui marchent très bien pour un indésirable qu'on veut rendre compatible avec l'agneau", dénonce Roland Jacob, adjoint au maire de La Grave (Hautes-Alpes).
Alors que le seuil des 500 loups a été atteint à l'échelle nationale au printemps, la multiplication des attaques soulève l'épineuse question de la cohabitation avec l'homme. Début mai, un cerf avait été dévoré en plein centre du village de Corrençon-en-Vercors (Isère). Quelques jours plus tard, c'était au tour d'un propriétaire de gîte de découvrir, au petit matin, le cadavre d'une biche et de son faon dans son domaine.
En 2018, 3 674 attaques ont eu lieu contre plus de 12 500 animaux, principalement des ovins. Ces attaques se concentrent les Alpes-Maritimes, les Alpes-de-Haute-Provence et en Savoie.
Reportage : Daniel Despin et Dominique Bourget