La fille de Khaled Melhaa ne se résigne pas. Cinq semaines après la disparition de son père, Amel multiplie les appels sur les réseaux sociaux pour ne pas "qu'on oublie" ce journaliste franco-algérien, fondateur de "Radio Beur" et militant de longue date pour l'égalité des droits.
La famille de Khaled Melhaa, journaliste franco-algérien de 64 ans, multiplie les appels à la mobilisation et les piqûres de rappel sur les réseaux sociaux. "Il ne peut pas disparaître dans la plus grande indifférence", témoigne sa fille Amel Melhaa Juvenal, cinq semaines après la disparition de son père.
Engagé contre le racisme et pour l'égalité des droits, le fondateur de "Radio Beur" (aujourd'hui "Beur FM") n'a plus donné signe de vie depuis mercredi 31 juillet. Souffrant d'un début d'Alzheimer, le sexagénaire a quitté la maison de famille de sa femme à Chozeau (Isère) vers 20 heures. Malgré les recherches entreprises par les autorités, sa famille reste sans nouvelle de lui depuis ce jour.
"A cause d'Alzheimer, il avait du mal à se repérer et voulait toujours aller se promener. Le matin, les gendarmes l'avaient déjà ramené à la maison parce-que des gens avaient signalé sa présence au bord d'une route", poursuit Amel qui regrette le manque d'informations communiquées par les enquêteurs. "Une enquête a été ouverte et ils ne peuvent pas donner trop de détails, mais on ne sait même pas s'ils ont des pistes", déplore-t-elle.
Journaliste engagé
Les recherches se poursuivent en Isère pour localiser Khaled Melhaa. Les premières semaines, d'importants moyens ont été déployés avec la mobilisation de Dragon 38, l'hélicoptère de la Sécurité civile, la brigade cynophile et de nombreux effectifs de police. "Maintenant, on fait tout pour que les recherches ne soient pas mises en stand-by, reprend Amel Melhaa Juvenal. L'époque des affiches placardées dans la rue, c'est terminé. Les réseaux sociaux sont notre seule arme pour médiatiser cette disparition."
Un mois que mon père #KhaledMelhaa a disparu dans l'Isère.On n'abandonne pas l'espoir de le retrouver parce qu'on ne peut pas vivre sans savoir, parce qu'on l'aime.Ce matin @RTLFrance a diffusé notre appel à témoin @b_stora @alexiscorbiere @edwyplenel @ThierryOBERLE @veroregnier pic.twitter.com/Q6SuzqdjRZ
— Amelhaa (@AmelMelhaa) September 3, 2019
Et la famille a reçu beaucoup de soutien depuis la disparition de Khaled Melhaa. L'historien Benjamin Stora, ami de longue date, rappelle sur son blog Mediapart l'impressionnant parcours du journaliste. "Il a été à l’origine de la révélation de l’affaire « Malik Oussekine », ce jeune tué à Paris lors des manifestation étudiante de 1986, en constituant avec le frère de Malik un comité pour la justice et la vérité sur cette affaire", dit-il.
Journaliste engagé, il "n’a jamais renoncé à ses convictions pour une société libre et démocratique, en France comme en Algérie le pays où il est né", poursuit Benjamin Stora. Khaled Melhaa est devenu le premier correspondant du quotidien algérien El Watan dans les années 1980, il militera ensuite au Parti Socialiste pour le droit de vote des immigrés.
"Je n'abandonnerai pas"
"Je ne veux pas qu'on l'oublie", lance sa fille qui dénonce la trop faible couverture médiatique de cette disparition. Mais grâce à sa mobilisation, les soutiens affluent. Le député Alexis Corbière (LFI) a envoyé une lettre au ministre de l'Intérieur "pour retrouver le journaliste Khaled Melhaa, qui est un ami", explique-t-il sur Twitter.
3 semaines que le journaliste et militant des droits démocratiques Kaled Melhaa a disparu dans l'Isère. Ses proches s'inquiètent. Un journaliste ne peut disparaitre dans une quasi indifférence. Toute aide est bienvenue. Les recherches doivent continuer. https://t.co/s3KmPnVjrJ
— Alexis Corbière (@alexiscorbiere) August 19, 2019
Le journaliste Edwy Plenel, directeur de la rédaction de Mediapart et ami de Khaled Melhaa depuis leur rencontre au journal Le Monde, fait également relaye régulièrement les messages de la famille. "On reçoit beaucoup de soutien, de témoignages d'affection", explique encore Amel, touchée, qui persiste : "Je n'abandonnerai pas".