Au soir de la victoire des Bleus, c'est à Didier Deschamp qu'il a d'abord rendu hommage "respect. C'est une légende ". Olivier Giroud, comme les autres, nage dans le bonheur. Dans le petit village de Froges en Isère, où il a fait ses débuts, on a vibré... fort.
C'était hier soir, en zone mixte, l'une des premières déclarations de l'attaquant des Bleus :
"Bravo au coach. Respect. C'est une légende. Il a gagné en tant que joueur et coach. Vous avez beau dire qu'il pratique la langue de bois, mais c'est pour mieux être performant sur le terrain. Ce soir, il va pouvoir se lâcher ! On est tous fiers d'avoir ramené la Coupe en France, on va profiter, on est tous réunis, avec tous les Français. Je n'ai pas eu l'occasion de marquer, ce sera le petit bémol, mais j'ai dit à tout le monde que le plus important, c'était de ramener la Coupe. J'ai tout donné pour l'équipe, c'est ma plus grande fierté, d'avoir apporté ma pierre à l'édifice. C'est extraordinaire. Je sais d'où je viens, et tout ce que j'ai fait pour arriver là."
Et Olivier Giroud vient de...Froges, en Isère où tous les habitants l'ont soutenu, comme un seul homme. C'est dans cette petite commune à quelques kilomètres de Grenoble, qu'il a commencé le foot. Dans les rues, on évoque toujours avec fierté la trajectoire sportive de ce "garçon humble et généreux" et personne ne comprenait les reproches qui ont noirci les colonnes des journaux ces derniers jours.
À commencer par ceux qui ont vu ce "blondinet" passionné et "volontaire" marquer ses premiers buts ou venir s'entraîner, parfois seul, pendant des heures contre le mur jouxtant le terrain stabilisé du club communal, à deux pas de la maison familiale.
Michel Perez, son tout premier entraîneur au sein du FOC Froges, loue ainsi le travail de sape abattu par Giroud, depuis le début du Mondial, sur le front de l'attaque tricolore.
"Il ne marque pas car il est très peu servi. Olivier évolue dans un rôle très ingrat, en premier rideau du pressing effectué par le onze français", analyse l'ancien éducateur du club, aujourd'hui sexagénaire. "Dos à la cage, il doit essentiellement jouer pour les autres, en créant des espaces, face à des adversaires resserrés qui en laissent peu."
"Construit dans l'adversité"
Dos au but, dos au mur ? Pour Romain Giroud, l'un des deux frères, passé par le centre de formation de l'AJ Auxerre dans les années 90, c'est à l'image de son style de jeu sur le pré russe que l'avant-centre de Chelsea (Angleterre) a bâti sa carrière sportive et son mental.
"Olivier n'est jamais aussi bon que lorsqu'il est dos au mur. Il s'est construit dans l'adversité. C'est quelqu'un de très fort mentalement, qui est lucide sur ce qu'il est. Il est capable de se remobiliser. Les critiques, je sais qu'il les laisse couler car il vit un rêve éveillé", analyse l'aîné, qui déplore aussi les critiques mais estime qu'elles "font partie du jeu".
Francis Martinez, président du FOC Froges à l'orée des années 2010 et ami de Giroud, se dit convaincu que son "tempérament de gagneur", qui lui a parfois valu de passer pour arrogant, a été l'un des moteurs de cette équipe de France.
"Cet état d'esprit ne l'a jamais quitté depuis tout petit. Mais c'est tout sauf un fanfaron. Avec Lloris, Mandanda ou Rami, Olivier est un des plus anciens. Sa parole est écoutée", ajoute M. Martinez.
"Il s'est battu comme un lion"
Dans les cafés de la commune, sur la place de la mairie comme dans le quartier où il a grandi, chacun souligne le sens du sacrifice de Giroud et le rôle "essentiel" de cet altruisme dans le système mis en place par le sélectionneur.
"Il s'est battu comme un lion à chaque match en occupant les défenses. S'il n'avait pas été là, avec sa présence physique, ce ne serait pas la même équipe de France", souligne Kader, un voisin de la famille.
Son frère Romain, lui non plus n'est pas peu fier. Il avait fait le voyage et a vécu la finale, dans les tribunes, à Moscou. "je te dis merci, bravo, et je t'aime!" a-t-il lancé à Olivier, sur l'antenne de France Bleu Isère