Antoine Choplin est un fidèle de la rentrée littéraire en Auvergne Rhône Alpes. Il nous propose une histoire amoureuse pas ordinaire dans le printemps romain. Quand le passé se mêle à un jeu d’échecs.
L’histoire pourrait paraître anecdotique. Une simple rencontre amoureuse se noue autour d’un jeu d’échecs sur une terrasse à Rome. Mais avec Antoine Choplin, l’air de rien, le moindre détail prend un véritable relief.
Gaspar, artiste français reconnu, en pause à Rome, dispute pour le plaisir des parties d’échecs avec des joueurs qui se succèdent en terrasse d’un restaurant sur le campo de’Fiori. Sur cette célèbre place animée du centre de Rome, il gagne toutes ses parties jusqu’à celle qu’il dispute contre une femme un peu mystérieuse. Cette défaite se transformera en véritable naissance d’une histoire singulière. Celle de la découverte de Marya, d’origine hongroise, au parcours familial singulier.
Un passé intense
Dans ses romans, les personnages de Choplin promènent toujours un passé un peu flou. Pas de clé. Des moments poétiques, minuscules qui petit à petit installent une atmosphère intime. Souvent chez Antoine Choplin, la guerre, l’errance ne sont pas loin. Cette fois, la simplicité de cette rencontre romaine apporte une humanité, une légèreté à l’histoire. L’errance est promenade à deux dans Rome. Mais la guerre est bien là. Celle d’un passé familial lié à la répression fasciste en Hongrie et les déportations de juifs à Auschwitz. Marya va partager ce récit avec Gaspar. Mais je ne vous en dirais pas plus pour garder entier l’un de ces jeux de pistes initiés par l’auteur.
Un échiquier comme terrain d'échanges
Le jeu d’échec joue doublement son rôle dans cette « Partie italienne ». Dans l’histoire personnelle de Marya et dans cette histoire, parenthèse romaine pour Gaspar. Le regard de la statue de Giordano Bruno, plantée au centre de campo de’Fiori n’assombrit en rien le destin et le jeu de cette rencontre entre Gaspar et Marya. Les parties d’échecs ne sont pas des affrontements mais des échanges, un partage. Comme un lien qui unit les personnages entre hier et aujourd’hui. Entre Rome et Paris.
Avec ce nouveau roman, Antoine Choplin nous offre une belle histoire cultivée, sensible. Une histoire qui donne envie de regarder autrement le temps passé et présent. Accepter la partie d’échecs, comme un moment de vie, qui s’ouvre et se referme. Un moment vécu intensément et dont on accepte qu’il se finisse, quoiqu’il en soit. Le plus important aura été de l’avoir vécu.
"Partie italienne" d'Antoine Choplin, éditions Buchet Chastel