Méconnu, le funiculaire des Deux Alpes, en Isère, est semblable à un métro. Il remonte le glacier de la station en traversant les entrailles de la montagne. Expérience garantie pour les touristes, passant de l'obscurité des roches, au panorama 360° sur le Parc des Écrins.
Le métro à la montagne ou presque. Ressemblant aux transports que l’on trouve dans les grandes villes, le funiculaire des Deux Alpes ne laisse pas ses passagers indifférents. Avec une voie entièrement souterraine, creusée dans la montagne, il transporte les touristes au sommet du glacier, à 3 400 mètres d’altitude depuis sa base (3 100 mètres alt.).
À première vue, les rames sont les mêmes que celles d’un métro. C’est "la première fois que je vois quelque chose comme ça, j’adore. C’est comme aller à Barcelone dans le métro ou quelque chose de similaire. C’est très bizarre pour moi", s'enthousiasme un touriste espagnol. Mais quelques signes sèment le doute, comme la tenue des passagers.
"Le funiculaire, c’est une remontée mécanique exceptionnelle. Il y en a très peu en France. C’est comme une sorte de métro qui passe dans la roche", indique Jean-Charles Thomas, directeur de la SATA des Deux Alpes, l'entreprise gestionnaire des remontées mécaniques de la station.
Une circulation 100 mètres sous la surface du glacier
Construit en 1989, il reste aujourd’hui un moyen de transport extraordinaire, "puisque c’est un outil invisible qui ne subit pas les mouvements de fonte du glacier." L'hiver, les skieurs sont les plus nombreux à l'emprunter. L'été, il est utilisé par les piétons, pour découvrir la vue fantastique.
Le wagon se faufile dans les entrailles de la montagne et en moins de 5 minutes, le funiculaire parcours 1,7 km. "On roule à une vitesse maximum de 10 mètres par seconde, soit 36 km/h. Le rôle du cabinier, c’est d’assurer une vigilance dans la rame. De contrôler à l’avant du véhicule que tout se passe bien", explique Sylvain Allegret, aux commandes de la cabine. Le funiculaire s'enfonce à une profondeur maximum de 100 mètres. "On compte 70 mètres de glace et 30 mètres de roche" à ce niveau, précise le conducteur.
Cette remontée ravit les skieurs lors de conditions climatiques difficiles. "C’est pratique quand il fait très froid dehors. Ça évite de prendre les pioches pour aller en haut du glacier. Quand il y a beaucoup de vent, on a l’avantage d’être à l’abri", note une touriste. Le directeur de la SATA voit ce voyage comme "une expérience originale, ça permet de se rendre compte de sa longueur parce que le temps de trajet est long".
Nous souhaitons au contraire lui donner une deuxième jeunesse.
Jean-Charles Thomas - Directeur de la SATA, gestionnaire du domaine des Deux Alpes
La SATA, la société gérant domaine des Deux Alpes, souhaite mettre un coup de projecteur à son funiculaire, afin de développer plusieurs projets. "C’est vrai qu’il est méconnu, car d’abord, on ne le voit pas. Ensuite, peut-être historiquement, il était moins mis en valeur. Nous souhaitons au contraire lui donner une deuxième jeunesse. On a même un programme de rénovation dans le cadre du contrat qui nous lie à la commune des Deux Alpes dans les prochaines années. À la fois parce que c’est un outil adapté pour les skieurs, mais aussi surtout parce qu’on a beaucoup de piétons qui viennent l’été. Pour eux, c’est un moyen fabuleux de monter le glacier et de voir le panorama. De toucher aussi ce qu’est un glacier l’été, de toucher du doigt la réalité du réchauffement climatique, tout un tas d’actualité qui intéresse les gens, et qu’on peut offrir grâce au funiculaire."
L'idée est de proposer à l'avenir de nombreuses autres pratiques "que juste prendre une remontée et skier", précise Jean-Charles Thomas. En 2022, plus de 200 000 personnes se sont aventurés dans le funiculaire souterrain le plus haut de France. D'autres existent en France et en Europe, comme celui de la Grande Motte à Tignes, en Savoie.