Les étudiants en design de mode du lycée Argouges de Grenoble ont présenté, mardi 14 mai, le résultat d'un an de travail, lors d'un défilé organisé au musée Hébert, à La Tronche (Isère). Des vêtements inspirés par la mode du XIXe siècle et adaptés aux attentes de notre époque.
"Aujourd'hui, il est plus difficile de percevoir les rôles sociaux dans la rue. Il y a une profusion de styles." Étudiant en design mode au lycée Argouges, Maxime Lampin a enfilé, le temps d'une soirée, le costume de conférencier pour le musée Hébert, à La Tronche (Isère), mardi 14 mai.
Dans le cadre d'un projet d'études, sa promotion a conçu une visite guidée dédiée à l'évolution du vêtement, du XIXe siècle à aujourd'hui. Le but de ces étudiants : questionner la mode comme le reflet d'une époque, d'une région, d'une classe sociale.
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Les étudiants en design de mode du lycée Argouges de Grenoble ont présenté, mardi 14 mai, le résultat d'un an de travail, lors d'un défilé de vêtements inspirés par la mode du XIXe siècle.
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©France 3 Alpes
Forger "les normes de genre"
Chaque élève s'est intéressé à une thématique, selon les différentes salles du musée. Anjeli Romero, étudiante en design mode, s'est notamment penchée sur le vestiaire masculin, devenu très sobre après la Révolution française. "Dans la mode classique, ça reste très restreint. Et ça n’a pas toujours été le cas."
Couleurs, motifs, textures... La différenciation genrée à l'œuvre dans la mode contribue à forger "les normes de genre". Ainsi au XIXe, "un homme a besoin d’un vêtement fonctionnel, qui lui permet de se mouvoir et se déplacer."
"Historiquement parlant, la femme a un corps vraiment oppressé, opprimé, des injonctions lui demande de se comporter de telle ou telle manière, selon les époques, et ça change tout le temps !", s'exclame Juliette Nauche, étudiante en design. Plaquette illustrant l'évolution du corset en main, l'élève s'est plongée dans la représentation des femmes sur les réseaux sociaux.
À la croisée du XIXe et du XXIe
"La question du corps de la femme libérée" revient "beaucoup sur les réseaux sociaux", avance l'étudiante. Pour autant, "est-ce que ces médias qui contribuent à nous libérer ne véhiculent pas aussi des injonctions ?", s'interroge-t-elle. "Étant donné qu’on a un flot incessant d'images, on vient modeler notre façon de penser selon ce que la société nous dicte."
Un défi qui permet aussi aux futurs créateurs de penser leur travail. "J'essaie de m'éloigner du côté hypergenré, et de penser des vêtements qui se modulent, qui aillent à un homme, à une femme, sourit Anjeli Romero. D'aller plus loin dans la création individuelle, pour que chacun s’empare de tous les vestiaires possibles."
Point d'orgue de cette collaboration d'un an avec le musée Hébert : un défilé, organisé aux milieux des toiles et des mannequins. Les étudiants et les étudiantes ont dessiné et fabriqué leurs propres tenues, inspirées du XIXe siècle et adaptées au vestiaire d'aujourd'hui.
"On veut pouvoir prouver que même si on n'est pas à la même époque, on a toujours des choses qui reviennent", avance Fanny Tinley, élève en bac pro mode. "De prime abord, on peut penser qu'il y a de grosses différences entre les deux, mais comme dans l'art, la musique des liens existent, ajoute Anne-Lise Guillet étudiante en design mode. Avant, on était élégant, mais pas confortable. Aujourd'hui, on est beau, élégant et confortable !"