Témoignage. "Un cauchemar éveillé" : leur miellerie ravagée par un incendie, un couple appelle à la solidarité pour éviter le chômage technique

Publié le Écrit par Cécile Mathy
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Un incendie a ravagé une miellerie de Vienne, en Isère, dans la nuit du jeudi 7 au vendredi 8 mars. Quelques jours après le sinistre, les dirigeants de la petite entreprise lancent une cagnotte en ligne pour essayer de maintenir l'activité de leurs six employés.

En quelques heures, ils ont vu le fruit de leur labeur partir en fumée : leurs stocks, leur outil de travail, leurs bureaux, leur lieu de conditionnement et de transformation du miel. Dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, un incendie s'est déclaré dans leur entrepôt de 3000 mètres carrés. Malgré l'acharnement des pompiers pour éteindre le feu, une grande partie des locaux a été détruite, les murs noircis, le matériel brûlé. Les dégâts sont considérables.

"Pendant 24 heures, on a eu l'impression, mon mari et moi, d'être dans un cauchemar éveillé. J'étais dans un état où je ne comprenais pas ce qu'il se passait".

Charlotte et Camille Vergnon sont à la tête d'une petite entreprise, une TPE familiale installée à Vienne en Isère. Leur miellerie emploie six personnes.

Après avoir exercé le métier d'apiculteur, Camille Vergnon a monté sa société de négoces il y a une quinzaine d'années. Il conditionne, transforme et vend le miel d'apiculteurs de la région et du pays. Il leur fournit aussi du matériel professionnel, ou réalise le gaufrage de leur cire (modelage de cire en feuilles gaufrées fixées sur les cadres dans les ruches).

"Il s'est fait tout seul", nous confie son épouse, co-dirigeante de l'entreprise.

Il y a quatre ans, en plein début du confinement, la miellerie investissait de nouveaux locaux, ici, chemin Grange-Neuve, en contrebas du quartier Malissol.

Un contexte déjà difficile pour les produits agricoles

Très récemment, la société avait obtenu la certification IFS, pour Industrial Food Services, un label agroalimentaire très exigeant, garantissant les conditions sanitaires de production de leur miel et de son conditionnement.

Cette certification les aurait aidés à vendre mieux leurs stocks dans les magasins de GMS, en grande et moyenne surface. Le processus est long, il faut nouer des contacts avec les grands distributeurs, se faire une petite place, espérer des commandes. 

En attendant, ils avaient stocké beaucoup de miel pour ne pas le vendre à perte et attendre le retour d'un marché plus favorable aux producteurs dans le contexte de crise dénoncé depuis des semaines par les agriculteurs.

Près d'un million d'euros de stocks de miel

Dans leurs bâtiments se trouvaient ainsi environ 300 fûts de miel de 300 kg chacun. Valeur marchande : huit à neuf euros le kg. Faites le calcul, rien qu'avec ces fûts, ce sont près d'un million d'euros de marchandises qui ont été soumises à la chaleur dégagée par l'incendie.

Dès le bâtiment sécurisé, famille, amis, voisins, employés sont venus donner un coup de main pour essayer de sauver cette matière première. 

Un peu moins de trois jours après le sinistre, Camille et Charlotte Vergnon ne sont pas encore en mesure d'évaluer l'ampleur de leurs pertes. Ils ne savent pas si leur machine de conditionnement sera réutilisable, si leurs ateliers de transformation pourront resservir. Les bâtiments, eux, devront sans doute être démolis. 

"Nous avons pratiquement tout perdu. Là... On ne peut pas faire pire, on a touché le fond. On ne peut que être dans l'espoir et se dire que c'est que du matériel, mais c'est l'outil de toute une vie de labeur pour mon mari", confie Charlotte Vergnon.

Eviter, à tout prix, le chômage technique

Le couple ne veut pas se laisser abattre, parce qu'ils ont six employés, "une petite équipe formidable", pour qui ils espèrent que l'incendie "aura le moins d'impact possible".

Un élan de solidarité s'est déclaré spontanément autour d'eux pendant le week-end : des bras pour trier ce qui est sauvable, des oreilles pour entendre leur détresse inavouée, des portes ouvertes pour dépanner et entreposer ce qu'ils peuvent.

"Dans ces moments-là, où on vit le pire, on côtoie aussi le meilleur", se console la co-dirigeante de Maison Vergnon Apiculture.

Aujourd'hui, même si le couple se sent "un peu gêné de demander de l'aide", ils ont lancé une cagnotte en ligne "pour que l'entreprise continue du mieux possible, qu'on puisse rebondir et qu'on puisse se reconstruire dans tous les sens du terme".

Ils souhaitent avant tout faire leur possible pour éviter de mettre leurs salariés au chômage technique.

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