Tour à tour député, ministre, maire et sénateur. Il a également présidé l'Assemblée Nationale et été le maire de Vienne pendant trente ans. Louis Mermaz s'est éteint ce jeudi 15 août dans l'Essonne. Laissant derrière lui de nombreux combats menés pour la gauche française.
Louis Mermaz s'est éteint chez lui dans l'Essonne à l'âge de 92 ans. Avec son décès, c’est une figure du socialisme qui part mais aussi la mémoire des deux septennats de François Mitterrand. C'est sa rencontre avec l'ancien président qui donne un tournant à son engagement politique. "Il l'a rejoint dès 1956, à l'âge de 25 ans, il voyait déjà en lui le président d'un parti... et ce fut celui du Parti Socialiste. Il avait compris à une époque où cela paraissait impossible, qu'il était possible de voir la gauche arriver au pouvoir", se remémore François Hollande.
Lorsque je voyais Louis Mermaz, j'avais le sentiment que François Mitterrand n'était jamais loin.
François HollandeAncien président de la République - PS
Destin national
En effet, ce sera bien plus tard que les deux hommes rejoindront le Parti-Socialiste en 1971 au congrès d’Epinay. La même année, Louis Mermaz, deviendra maire de Vienne (Isère) jusqu’en 2001. C'est aussi un artisan de l'accession de François Mitterrand à l'Elysée : "Il a permis l'union de la gauche, qu’il y ait l’alternance de mai 1981. C'est surtout celui qui nous racontait une histoire comme on sait le faire... Donner le récit qu’a été cette grande conquête."
En plus de son engagement auprès de François Mitterrand, il s'ancre localement. Battu une première fois aux élections législatives en 1968, il réussit à se faire élire et réélire de 1973 à 1990 puis à nouveau en 1997. En parallèle, il occupe aussi des fonctions de président du conseil général de 1976 à 1985.
Puis, en 2001, il décide de se présenter aux élections sénatoriales où il siège jusqu’en 2011. Une carrière politique riche et proche du pouvoir. Il est considéré comme un fidèle du président François Mitterrand. Cette proximité lui permet d’embrasser un destin national. Il sera tour à tour ministre de l'équipement et des transports puis président de l’Assemblée nationale, à nouveau ministre des transports et enfin de l’agriculture.
Fervent défenseur de la gauche
Il était "profondément imprégné des valeurs humanistes, il consacra ses dernières années de militantisme à la défense des droits de l’homme et notamment des migrants", tient à rappeler André Vallini, ancien ministre.
En effet, attaché aux valeurs de gauche et défenseur des idées socialistes, en 2 000 Il publiera un rapport sur les mauvaises conditions de détention dans les centres de rétention pour les personnes en situation irrégulière.
Son engagement a continué après ses mandats, "il était attaché à ce que le PS garde son unité. En plus de cela il avait une grande fidélité à ses idéaux, les siens et à ma personne. Il m'a toujours soutenu", tient à souligner l'ancien président.
D'autres personnalités du PS, lui rendent hommage et son également tels qu'Olivier Faure, le premier secrétaire. Il se souvient de "son esprit vif qui nous accompagnait dans tous nos combats."
Louis Mermaz nous a quitté. Immense tristesse. Compagnon de route de F. Mitterrand, son esprit vif nous accompagnait dans tous nos combats, jusque dans ces derniers jours, pendant la campagne des législatives. Pensée émue pour Annie, Laure et ses enfants. pic.twitter.com/Mt9gdJtTc6
— Olivier Faure (@faureolivier) August 15, 2024
Dans ses terres en Isère, son parti pleure un fervent défenseur de la gauche. Pour André Vallini, "C'est une bien triste nouvelle." Ils siégèrent ensemble "à la commission des lois de l’Assemblée nationale jusqu’à son élection au Sénat en 2001 où je lui succédai en 2011." Il salue un "homme d’une rectitude exemplaire. Quant à son humour, souvent caustique et bienveillant à la fois, il était une façon pour lui de cacher son extrême sensibilité à la condition humaine."
📢 COMMUNIQUÉ DE PRESSE 📢
— Parti socialiste de l’Isère | PS38 (@socialistes38) August 15, 2024
C’est avec une profonde émotion et tristesse que La Fédération de l’Isère du Parti Socialiste a appris, ce jeudi 15 août 2024 le décès de notre amis et camarade Louis Mermaz à l’âge de 92 ans. pic.twitter.com/oqOFllqQfT
"Nous saluons l'engagement humaniste de Louis (....). Il restera pour nous un véritable modèle de militantisme et de convictions.
Damien PerrardPremier secrétaire fédéral du PS - Isère
Le député Arthur Delaporte se souvient aussi de Louis Mermaz lors de sa venue à l'hommage de son ami Louis Mexandeau :"Il tenait à être présent. Il me racontait leur préparation à l'agrégation ensemble !" Pour le jeune élu, c'est surtout : "Un des derniers monuments de l'ère Mitterrand. Il restait engagé au PS, il suivait encore l’actualité politique et vivacité."
Grande tristesse à l’annonce du décès de Louis Mermaz, homme d’Etat, premier président socialiste de l’Assemblée nationale de la Ve République.
— Arthur Delaporte (@ArthurDelaporte) August 15, 2024
Il y un an, à Caen, il nous émerveillait de sa verve, son érudition et son militantisme, lors de l’hommage à son ami L. Mexandeau. pic.twitter.com/Y2VzlXGLWl
Transmission
Il a aussi consacré sa vie à transmettre. Peut-être un héritage de sa formation d'historien, lui qui a été agrégé. Il a formé une nouvelle génération politique comme le rappelle André Vallini : "Il m’a prodigué de nombreux et précieux conseils, et j’ai beaucoup appris de lui."
Au-delà du politique, il n'a pas oublié les historiens. "Lorsque j'ai quitté l'Elysée, explique François Hollande, il a confié ses archives aux archives nationales pour que rien ne soit perdu de sa vie connue, vécue et traversée. Pour que les jeunes chercheurs sachent quelles ont été les grandes étapes de la reconstruction de la gauche."
Louis Mermaz a perdu tragiquement ses deux enfants. C'est à la suite du décès de son fils Pierre, qu'il décide de prendre la plume lui, un amoureux des lettres et d'histoire. Il publie ses mémoires, Il faut que je vous dise, où il évoque ses origines. Il est l’enfant caché de Louis de Chappdelaine, député de Dinan pendant près de 30 ans.
Le départ de Louis Mermaz, permet de rappeler ses combats mais c'est aussi une "leçon pour aujourd'hui, souligne François Hollande. Lui qui défendait une unité des socialistes, une ligne politique réformiste, une incarnation et ça, il l’avait compris."