Elles sont 19 voitures. Rien que des "bêtes" de course d'un autre âge. Celui où l'odeur d'essence et le crissement des pneus attiraient les foules de passionnés au bord des routes de montagne. L'exposition événement présentée au Musée de l'automobile de Turin nous replonge dans l'âge d'or des rallyes.
"Pendant les 4 jours du pont de la Toussaint, on a fait 10 000 entrées. Il y avait une queue de plus de 100 mètres devant le MAUTO", le commissaire de l'exposition, Stefano Macaluso n'en revient toujours pas. Turin, la capitale de la voiture italienne vibre toujours à l'évocation d'un âge d'or qui a vu la créativité de ses designers, notamment, sur le devant de la scène.
Un acte culturel plus qu'une expo nostalgie
Qu'ils s'appellent Giugiaro, Pininfarina ou Bertone : la vingtaine de voitures exposée fait la part belle aux grandes signatures, aux "grands couturiers" du savoir-faire turinois.
"Quand on livre aux yeux du public la Renault 5 turbo signée Marcello Gandini pour Bertone, ou l'Alpine Renault griffée Giovanni Michelotti, c'est un acte culturel que l'on pose pour les nouvelles générations", explique encore Stefano.
Le fils de Gino Macaluso, le champion d'Europe de rallye 1972, sait ce que passion automobile veut dire. Cette passion, qui a poussé sa famille à sortir pour la première fois, la collection rassemblée par son père, les 19 "pépites" exposées à Turin.
Autant de "bêtes de courses" qui ont été admirées par un public nombreux et passionné, au siècle dernier, entre les années 60 et 90. Des routes alpines du rallye de Monte Carlo, aux sentiers rebondissants des "1000 lacs" finlandais, et jusqu'aux routes littorales de San Remo : les voitures présentées ont tout gagné, sur tous les terrains.
1960-1990: un âge d'or avant la révolution électronique
"Ce qui a tout changé, c'est véritablement l'arrivée de l'électronique embarquée. A l' époque, de l'âge d'or, il y avait bien un peu d'électronique dans les moteurs. Mais pas dans l'ensemble des organes des voitures comme maintenant. Cela créait une vraie interaction entre la sensibilité du pilote et son bolide. La voiture de rallye c'était l'univers de la mécanique. Ce qui faisait la différence c'était purement la conduite".
Et en matière de conduite, il reste de cet âge d'or autant de grands noms de pilotes, (De Bernard Darniche à Ari Vatanen, de Michèle Mouton à Miki Biasion ou Juha Kankkunen...) que d'histoires de duels épiques.
Mécaniciens tous terrains et pilotes acrobates
"C'était l'époque où les mécaniciens réussissaient des prouesses", explique encore le commissaire de l'exposition. "Sur le rallye de Monte Carlo 1983 par exemple, Lancia n'a pu l'emporter face à la première voiture 4 roues motrices de l'histoire (une Audi Quatro) que grâce à ses mécaniciens. En pleine épreuve spéciale, réussir à changer les pneus de leur Lancia à 10 kilomètres de la fin du parcours, c'était vraiment une prouesse!"
Bien d'autres faits d'armes sont évoqués dans l'exposition au travers de documents multimédias. Des exploits qui font parfois figure d'autant de légendes. Comme celle du "finlandais volant", Timo Makinem. Celui qui, lors d'une édition du rallye des "1000 lacs", a conduit au jugé, la tête penchée à la vitre, pendant presque l'intégralité d'une épreuve spéciale : son capot avant bloqué l'empêchant de voir la piste.
Autant d'histoires d'hommes et de machines qui vous attendent jusqu'au 2 mai 2023 au Musée de l'automobile de Turin.