A 30 ans, Kilian Jornet est déjà une légende de la montagne. Auteur de records et d'exploits dans des projets hors du commun, il écume aussi depuis 14 ans les circuits sportifs pour afficher plus de "400 compétitions" à son compteur.
Sans s'émouvoir de cette performance exceptionnelle (en ski alpinisme l'hiver et trail l'été), l'Espagnol, connu pour ses ascensions en courant, participe à une énième compétition, la mythique Pierra Menta.
Depuis votre retour il y a un mois après une opération des 2 épaules, vous enchaînez les compétitions. Quel est votre programme à venir ?
"Après la Pierra Menta, je vais faire le tour du Rutor (Italie), une course de 3 jours la semaine prochaine et après ça je vais arrêter la compétition pour cet hiver. J'ai envie de rentrer à la maison et de faire une bonne préparation (pour la saison estivale, NDLR). Tous les jours, je vais faire de belles sorties, on peut faire 3 à 4000 m par jour. On habite à Romsdal (Norvège), c'est une région où il y a des gens qui pratiquent la montagne mais ils ne sont pas beaucoup. A certains endroits, tu peux rester 20 heures, 30 heures sans que tu ne croises personne".
Vous avez débuté la compétition en 2004 avec un titre de champion du monde cadet. Avez-vous une idée du nombre de compétitions que vous avez fait depuis ?
"J'avais compté l'an dernier, je pense que c'était 400 compétitions, entre trail running et ski alpinisme. C'est un chiffre. C'est plutôt des souvenirs, je ne cherche pas à gagner un nombre de courses".
Comment arrivez-vous à être toujours aussi motivé ?
"Ce qui est intéressant avec la compétition, c'est que tu te remets en question tout le temps. Il y a des gens qui montent fort, des gens qui s'entraînent différemment, le niveau continue de monter. Il faut toujours se remettre en question pour essayer de s'améliorer ou tenir le coup. C'est hyper simple comme motivation la compétition, c'est tout bête, tu veux gagner il faut s'entraîner pour ça. C'est beaucoup plus simple que de t'entraîner pour des projets. La compétition, il y a un résultat et un classement, tu vois si tu progresses".
Arrivez-vous à vous projeter pour les années à venir ?
"Je me projette au loin pour certaines choses auxquelles il faut penser à l'avance. Mais sur la compétition, j'ai appris qu'on ne pouvait pas se projeter trop loin car on ne sait jamais quel sera notre degré de motivation. Peut-être que quand j'avais 20 ans, je me disais: 'à 30 ans je vais arrêter'. C'est pas trop ma façon de fonctionner. Si j'ai envie de faire des choses, je vais le faire. Après il faut se projeter pour des choses qui demandent plus de logistique ou qui concernent ta vie mais pas pour les compétitions".
Courir restera toujours au centre de vos activités ?
"Je ne dirai pas courir mais être en montagne, oui. J'ai vécu là-dedans, c'est là où je me sens bien, c'est là où j'ai la plupart de mes amis, c'est l'endroit qui me fait vivre".
Quelles seront vos ambitions sur le grand rendez-vous de l'ultra trail fin août, l'UTMB ?
"En fait je pense que je vais y aller mais ce n'est pas encore sûr. Je n'ai pas encore bouclé mon calendrier d'été, je suis inscris mais j'ai des projets montagne aussi. Si on n'est pas en montagne, j'espère y être. Ca change toutes les semaines mais j'espère pouvoir y être !"