Après des années d'initiatives des différentes collectivités, les régions semblent déterminées à reprendre la main et à coordonner le déploiement d'un internet performant pour accroître leur compétitivité ou désenclaver leur territoire. Une politique menée en Auvergne depuis des années.

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"La route n'est plus le levier de développement, c'est le très haut débit" : après des années d'initiatives des différentes collectivités, les régions semblent déterminées à reprendre la main et à coordonner le déploiement d'un internet performant pour accroître leur compétitivité ou désenclaver leur territoire.

Pendant très longtemps, départements et intercommunalités ont lancé des initiatives dans leur coin, mais en vertu de la loi NOTRe (Nouvelle organisation du territoire de la République de juillet 2015), la région a désormais en charge l'aménagement durable du territoire.

Une mission qui doit avoir pour "premier article" de "réduire la fracture numérique", estime Gérard-François Dumont, spécialiste des questions démographiques, à quelques jours du scrutin des 6 et 13 décembre. "Lorsqu'il y a eu le passage du téléphone par opératrice au téléphone automatique, la France a connu une fracture téléphonique entre les territoires qui l'avaient et ceux qui ne l'avaient pas", rappelle-t-il, estimant que "nous recommençons aujourd'hui le même type d'erreur".

D'où la volonté d'une région rurale comme l'Auvergne de faire "dès 2006, du numérique le levier principal du développement", selon René Souchon, président (PS) d'une des rares régions d'ores et déjà maître d'ouvrage de son déploiement numérique, afin d'éviter un effet "kaléidoscope", avec "des départements qui avancent, d'autres pas".

Avec leurs finances exsangues du fait de l'explosion des dépenses sociales dont ils ont la charge, ces collectivités souhaitent d'autant plus se faire aider par leur région. René Souchon table sur 77% de la population auvergnate raccordée au très haut débit à l'horizon 2025, principalement par le biais de la fibre, un objectif ambitieux, mais en deçà des standards fixés par l'Etat.

L'urgence numérique 

Lancé en février 2013, le Plan France Très Haut Débit, un investissement de 20 milliards d'euros, visait une couverture intégrale du territoire d'ici à 2022 (pour l'essentiel avec la fibre optique), avec une étape intermédiaire en 2017 et 50% des foyers couverts.

"L'Auvergne est la première région en France et ça ira jusqu'en 2025, et on vous explique qu'en 2022, la France sera couverte ? Bien sûr que non, elle ne le sera pas", réagit M. Souchon, selon qui, ailleurs, de nombreuses collectivités "n'ont pas déposé le moindre dossier".

"Il n'y a que le gouvernement pour faire semblant de croire que c'est tenable", renchérit Hervé Maurey, sénateur UDI, président de la commission de l'aménagement du territoire. "Quand le gouvernement explique qu'il y a près de 80 dossiers déposés, c'est vrai, mais ce qui compte, c'est de savoir combien sont financés", ajoute-t-il, avant d'affirmer que les collectivités sont contraintes le plus souvent d'avancer les fonds.

"Je pense que c'est réaliste mais c'est trop lent, c'est beaucoup trop lent !", estime de son côté Guy Mamou-Mani, président de Syntec numérique, syndicat patronal, qui a lancé un appel aux candidats aux prochaines élections. "2022, vous vous rendez compte de tout ce qui ce se sera passé en termes de transformation des entreprises ?", lance-t-il.

Autre critère souvent évoqué par les connaisseurs pour expliquer le retard, le "bouleversement" de la fusion entre deux gros opérateurs : SFR et Numéricable. L'urgence numérique est d'autant plus grande, selon M. Dumont, que la France, "mal classée", "perd des centres de décision".

L'accès à un internet rapide est "depuis deux, trois ans, un des premiers critères d'implantation des entreprises", appuie Fabrice Gilbert, délégué régional en Aquitaine aux technologies de l'information. René Souchon égrène d'ailleurs des chiffres pour convaincre les réfractaires, prenant l'exemple de la communauté de communes du pays de Murat, qui a choisi le numérique dès 2006 : dans ce territoire du Cantal, département
"démographiquement en situation très difficile", la fibre a attiré selon lui au moins "24 entreprises,  essentiellement des start-ups", soit "des élèves en plus à l'école", et 1,9 million d'euros de masse salariale supplémentaire.

"Comme on déploie essentiellement en zone urbaine, où c'est pas très compliqué de déployer par rapport à une population importante (...) l'objectif de 50% de la population couverte en 2017 peut être tenu", estime Hervé Maurey. En revanche, il estime que le déploiement en zone rurale, "la partie la plus chère et la plus difficile" sera nettement plus problématique.
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