L'Italie à l'heure du pass vaccinal : vaccination obligatoire même pour prendre un café au bar

Depuis ce lundi 10 janvier, l'Italie est passée au "super Green pass". A l'heure où les écoliers et étudiants reprenaient le chemin des cours contre l'avis des présidents de régions, le gouvernement a mis en application son "pass vaccinal" assorti d'une obligation de se vacciner pour les plus de 50 ans.

"Nos problèmes viennent des No Vax". Lors de sa conférence de presse d'accompagnement de la mise en place de son pass vaccinal ("Super Green pass" en Italie), Mario Draghi, président du Conseil des ministres, n'a pas pris ses "gants blancs" habituels pour justifier l'existence de sa nouvelle arme anti-opposants à la vaccination. 

Pour prendre les transports publics, pour travailler (les 2 millions de salariés de plus de 50 ans du pays ont jusqu'au 15 février pour se mettre en règle sous peine d'amende allant de 100 à 1 500 euros), pour enseigner et même désormais pour sacrifier au sacro-saint "caffè al bancone" (café pris au comptoir) : le pass vaccinal sera obligatoire.

Un café en terrasse ? Impossible sans vaccin

"Même si, sur le fond, ça ne change pas grand-chose au précédent pass sanitaire (green pass), ça fait pas mal discuter au comptoir", avoue à l'Ansa (l'agence italienne de presse) un barman d'un café romain.

"Il y a ceux qui prennent mal le fait que je leur demande leur pass vaccinal. Ca existait déjà avant... Mais là, c'est vrai que je trouve ça dur comme règle", avoue un autre. "Avant, avec un test négatif, ils pouvaient au moins prendre leur café. Maintenant, vous me voyez les raccompagner à la porte ? Même un café en terrasse, je ne peux pas leur servir."

En s'attaquant au symbole de la convivialité à l'italienne, le chef du gouvernement italien a touché juste. S'il n'a pas avoué, comme son homologue français, vouloir "emmerder" les anti-vaccins, il y réussit en quelque sorte depuis hier.

"C'est la énième invitation que nous faisons à tous les Italiens de se vacciner", a-t-il lâché hier d'un ton grave lors de sa conférence de presse.

Un quasi nouveau confinement pour les non-vaccinés

C'est désormais un "nouveau confinement" qui est entré en vigueur pour ceux qui refusent la vaccination. Comment vivre au quotidien sans prendre son train, son bus. Sans pouvoir entrer dans un bar, un restaurant, un hôtel ?

"Ce qui est certain, c'est que ça ne va pas aider à remplir nos hôtelsexplique Marco Bich, un hôtelier du centre-ville d'Aoste. Les contrôles, on les faisait déjà à l'accueil pour chaque nouvel entrant. Mais avec la fin des vacances de Noël des Italiens et les annulations de la plupart des réservations de nos clients étrangers, on se retrouve dans une ville quasi déserte !"

Un constat qui vaut également pour les stations de ski de la vallée d'Aoste. Quasi privées de skieurs étrangers, elles doivent également tirer un trait sur leur clientèle no vax puisqu'il est désormais impossible, pour elle, d'emprunter les remontées mécaniques. Des amendes allant de 400 à 1 000 euros sont d'ailleurs prévues pour tout contrevenant surpris dans les lieux réservés aux vaccinés.

Un retour des vacances de Noël dans la controverse

Mais dans l'Italie du "super Green pass", s'il est un lieu où le débat se fait particulièrement âpre, c'est bien dans le monde scolaire.

"L'enseignement à distance provoque des inégalités entre élèves, qui sont destinées à durer dans le tempsa déclaré le chef du gouvernement, Mario Draghi. Alors, il y aura vraisemblablement une augmentation du nombre de classes fermées (à cause d'Omicron, ndlr), mais ce que nous voulons empêcher absolument c'est le recours généralisé au télé-enseignement." 

Luca Scacchi, professeur à l'Université de la vallée d'Aoste n'est pas non plus un grand amateur d'enseignement par écran interposé. "Mais vu la vitesse à laquelle se développe Omicron, je pense qu'il aurait été préférable de reporter le retour en classe des vacances de Noël à la fin de janvier, une fois passé le pic de l'épidémie."

Une opinion largement répandue. Et pas seulement chez les personnels des universités, désormais obligés d'être vaccinés "sans limite d'âge" pour pouvoir exercer leurs fonctions. Avant d'adopter l'obligation et le "pass vaccinal", Mario Draghi a dû faire face à la fronde d'une majorité de présidents de régions, hostiles au retour des étudiants et de leurs professeurs en classe.

Le président de la Campanie (région de Naples), a même tenté d'imposer une fermeture à ses établissements scolaires. Débouté par le conseil d'Etat, il a dû laisser ses écoles rouvrir lundi dernier.

Peu d'écoles fermées

Les velléités de retour à la case "confinement" pour laisser passer l'orage Omicron, ont été étouffées ce lundi par le ministre de l'Education. "Seul un peu plus de 3 % des communes ont décidé de ne pas rouvrir leurs écoles après les vacances de Noël."

Et ce ne sont pas les 6 % d'enseignants, et les 4,5 % d'étudiants italiens qui seraient positifs au Covid qui, pour l'instant, semblent devoir faire changer le gouvernement de stratégie.

Avec plus de 99 % de ses professeurs vaccinés, et bientôt 2 millions de compatriotes de plus de 50 ans qui le seront aussi, Mario Draghi entend bien poursuivre sa méthode de la main de fer dans un gant de velours. 

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