Sourd au vote massif des élus de la métropole de Saint-Etienne demandant sa démission, Gaël Perdriau reste arc-bouté sur ses fonctions électives, avec pour paravent un "retrait total" annoncé le 8 décembre après quatre mois de scandale lié à une affaire de chantage à la sex-tape.

Avec AFP

Ce "retrait total n'a aucune valeur juridique", mais dans les faits, rien ne lui interdit de déléguer tous ses pouvoirs et de s'abstenir de siéger, selon un spécialiste en droit public consulté par l'AFP.

"La décision lui appartient, mais on souhaite qu'il entende raison", insiste Christophe Faverjon, maire d'Unieux (Loire) et vice-président de la métropole, en charge de l'enseignement supérieur, qui a soutenu un nouveau vote de désaveu organisé jeudi soir.

 

2 tiers des élus de la Métropole réclament sa démission

 

Le maire de Saint-Etienne et président de la métropole était resté silencieux après le vœu adopté le 8 décembre par les deux tiers des élus de la Métropole (110 exprimés pour 119 votants, 73 voix pour et 37 contre, 9 blancs ou nuls).

"M. Perdriau a perdu toute forme de légitimité d'exercer un mandat, le maintenir dans ses fonctions serait une insulte (...) S'il lui reste un soupçon de dignité, il doit quitter ses mandats dans les meilleurs délais, c'est le dernier service qu'il doit rendre aux habitants avant de répondre à la justice", déclarait le texte adopté à bulletin secret.

Ce vœu "n'est pas contraignant", "personne ne peut le contraindre à la démission" et "s'il veut s'accrocher à son siège, il a différentes options", décrypte pour l'AFP un avocat en droit public à Lyon, Me Pierrick Gardien.

Perdriau a répété plusieurs fois qu'il ne démissionnerait pas même en cas de mise en examen. Et de fait, il peut tout à fait "rester jusqu'à la fin de son mandat", selon l'expert juridique chargé de cours à l'Université de Lyon.

Suite à des révélations de Médiapart, l'ex-LR se trouve au cœur d'une enquête judiciaire sur le tournage et l'usage d'une vidéo à caractère sexuel dans laquelle on peut voir son ex-premier adjoint centriste Gilles Artigues se faire masser par un homme dans une chambre d'hôtel.

 

"Acharnement indécent"

 

Nommément accusé par M. Artigues, placé en garde à vue mi-septembre, cité dans des enregistrements audio accablants, M. Perdriau a toujours clamé son innocence.

L'élu de 50 ans se dit victime d'un harcèlement "politique et médiatique" visant à le détruire, en pointant du doigt le rôle de son frère ennemi, le LR Laurent Wauquiez, le président du conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes.

Sa majorité l'a soutenu du bout des lèvres pendant quelques semaines, malgré son exclusion de LR. Mais ses efforts avortés pour bloquer en justice la parution d'un article de Mediapart, fin octobre, ont nourri les critiques jusque dans son camp.

Le vœu du 8 décembre étant resté sans effet, le bureau exécutif de la métropole stéphanoise a décidé, faute de mieux, de se réunir jeudi soir pour un nouveau vote de désaveu proposé par 17 maires décidés à obtenir la démission de leur président.

Le texte qui a surtout une valeur symbolique a été soutenu par les deux tiers des élus présents.

Contacté par l'AFP Gaël Perdriau a réagi en dénonçant un "acharnement qui devient indécent" et des élus qui "s'attachent à saborder sciemment le travail de la métropole en alimentant artificiellement les polémiques (....) dans un but purement électoraliste".

Des élus lassés 

"La situation n'est pas tenable avec un président qui en a le titre et les indemnités et un autre qui en exerce les fonctions (...) nous sommes la risée de tout le monde", insiste François Driol, maire d'Andrézieux-Bouthéon (Loire) et vice-président de Saint-Etienne Métropole en charge de la gestion des déchets.

D'autres élus, cependant, commencent à exprimer leur lassitude et préconisent de "se remettre au travail plutôt que de continuer à parler de cette affaire à longueur de réunion".

"On nous mêle à une affaire qui ne nous concerne pas", regrette ainsi Luc François, maire de La Grand-Croix (Loire) et vice-président à la mobilité de Saint-Etienne Métropole.

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