Les apiculteurs ont installé 1000 ruches place Bellecour, à Lyon, pour alerter sur la fragilité de la filière menacée par la concurrence de pays étrangers qui produisent un miel à bas prix et de moins bonne qualité.
1000 ruches ont été installées place Bellecour, une action symbolique à l'appel de la Confédération Paysanne. Les apiculteurs souhaitent alerter sur leurs conditions de production et la difficile équation qui met leur activité en péril.
Pour résumer, la France est une grande consommatrice de miel, avec 40 000 tonnes vendues par an. Or la production nationale n'est pas suffisante, puisqu'on en produit 15 000 tonnes. Le recours à l'importation est donc inévitable. Un recours qui semblerait plus logique si le miel français se vendait bien, mais : "il y a beaucoup d'apiculteurs
avec des quantités importantes de miel qu'ils n'arrivent pas à vendre, alors ils coulent les uns après les autres" explique Nicolas Comte, apiculteur à La Valla-en-Gier (Loire).
"Concurrence déloyale"
"Nous, on fait un miel de qualité, un miel français mais de l'étranger arrivent des miels à moins de 2 euros le kilo, qui mettent à plat toute la filière" regrette-t-il. "On ne peut pas fabriquer un miel à moins de deux euros le kilo, c'est impossible!".
Une concurrence qu'il qualifie de "déloyale", non sans rappeler les dénonciations récentes des agriculteurs.
Je me retrouvais complètement dans les revendications du mouvement agricole. Ceux qui font un produit de qualité ne peuvent pas en vivre.
Nicolas Comte, apiculteur dans la Loire
"On a beaucoup de problèmes liés au frelon asiatique, au changement climatique mais si en plus on est bloqué sur les prix, on ne va pas s'en sortir" ajoute le producteur, installé depuis dix ans dans la Loire. Il produit 4 à 5 tonnes de miel par an, et a fait le choix de la vente directe, une solution qui n'est pas accessible à tous pour écouler les productions. La filière a besoin de trouver les consommateurs dans les supermarchés pour vendre en plus grandes quantités.
Et c'est là que la situation est difficilement tenable pour la production française. "Dans un rayon de supermarché les étiquetages ne sont pas clairs et le consommateur est trompé", estime Nicolas Comte. "Il existe un label Miel de France mais le problème c'est qu'il y a des jeux sur les appellations pour noyer le consommateur" ajoute-t-il.
"En 2019, 66% des miels commercialisés en France étaient des miels d’imports. Sur l’étiquetage, un décret relatif à l'indication de l'origine des miels est entré en vigueur en France le 1er juillet 2022. Il crée une obligation d'indication des pays d'origine du miel en cas de mélanges de miels mais seulement pour les pots conditionnés en France. Pour contourner cette obligation, les négociants mettent en pot ailleurs en Europe, notamment en Belgique".
Une suite du mouvement?
Après plusieurs semaines de mobilisation du monde agricole, la FNSEA et le syndicat des jeunes agriculteurs ont levé les barrages après les annonces du gouvernement. La confédération paysanne, quant à elle, avait fait le choix de rester sur plusieurs points de blocage avant d'être évacuée par la gendarmerie notamment à Saint Quentin Fallavier, en Isère. Plusieurs collectifs d'agriculteurs ont annoncé "des actions locales et bienveillantes"pour poursuivre la sensibilisation des consommateurs et maintenir la pression sur les pouvoirs publics afin de vivre correctement de leur métier.