SOBRIETE. "Ce n'est pas rassurant de se retrouver dans une ville toute noire en hiver" : la mesure ne fait pas l'unanimité

Extinction des feux en "nuit profonde" : la ville de Roanne se met à l'heure de la sobriété énergétique en éteignant l'éclairage public une bonne partie de la nuit à partir de la mi-octobre. Une décision qui fait grincer des dents, notamment dans les bars et restaurants.

"On va être encore plus sur le qui-vive. Il y a une insécurité qui s'est instaurée à Roanne depuis quelques temps. On ne nous a pas demandé notre avis, tant les commerçants que les habitants, " déplore un gérant d'un bar de la ville.

Début septembre, le maire de Roanne a annoncé l’instauration d’un plan de sobriété énergétique à partir d'octobre. L'une des mesures phares : l’extinction de l’éclairage public total une bonne partie de la nuit. A minuit en semaine, et à une heure du matin, le week-end. Extinction en "nuit profonde". La décision ne fait pas l'unanimité à Roanne. Si certains restaurateurs, commerçants ou habitants comprennent la mesure, tous ne sont pas sereins.

Et la sécurité ? Des Roannais inquiets

"Cette décision, on va en subir les conséquences. Malheureusement ce n'est pas bon pour nous. On a des commerces de nuit " ajoute le patron de ce bar. Il parle d'une décision prise sans concertation par la municipalité de Roanne. A la clef, selon ce professionnel : des clients qui vont se sentir "encore moins en sécurité". Ce dernier redoute également une perte de clientèle et fatalement une baisse de son chiffre d'affaires.  

Le climat et l'écologie sont en jeu mais on mérite d'être consultés. Il y a peut-être d'autres solutions, plus adaptées, un lampadaire sur deux par exemple. Il y a surement d'autres solutions qui peuvent être trouvées, des solutions de compromis. Ce manque de concertation nous révolte un peu.

Un gérant de bar à Roanne

Nuit noire dans les rues de Roanne après une heure du matin. Les clients de cet établissement ne sont pas emballés non plus. "Ce n'est pas rassurant de se retrouver dans une ville toute noire, surtout en hiver", confirme Maëlle une cliente de l'établissement. Quid des économies d'énergie ? "On peut comprendre la mesure mais on va se sentir encore plus en insécurité", ajoute la jeune femme. Une seule alternative selon la jeune femme : se priver de sortie ou s'organiser. L'argument de l'insécurité est également avancé par Valentine une autre cliente.

On va beaucoup moins sortir, on va être obligé de prendre la voiture à chaque fois. On ne pourra plus se déplacer dans le centre-ville librement.

Valentine

Roannaise

Dans la rue, en plein centre, les avis sont partagés et nuancés concernant le bien-fondé de cette mesure d'économie d'énergie : "ça fait des dépenses inutiles d'énergie et ça préserve de la pollution lumineuse. Si on peut faire des économies c'est mieux", explique un jeune homme favorable à l'initiative. "Plutôt contre ou alors avec un système de géolocalisation qui permet d'accéder à l'éclairage public", avance un Roannais. "La sécurité, c'est plus important que l'énergie", confie une jeune femme qui oppose les deux arguments.

Réduire la consommation d'énergie : un impératif

Le maire LR de Roanne, Yves Nicolin, justifie sa décision prise la semaine dernière, d'adopter un plan de sobriété énergétique : "le but était d'éviter d'avoir à augmenter les impôts. Nous sommes tous confrontés à une crise énergétique. Les particuliers sont protégés par le bouclier mis en place par le gouvernement mais les entreprises, les collectivités et les associations ne sont absolument pas protégées". Une réaction en urgence face à des questions de coûts de l'énergie.

En pleine renégociation de ses contrats de fourniture d'énergie, et notamment d'électricité, pour la période 2023 -2025, la facture risque de grimper pour la ville de Roanne. On s'attend à des hausses comprises entre 70% et 300%. .A ce jour, la facture d'électricité s'élève à 1,5 million d'euros pour la ville de Roanne "avec les tarifs de l'année dernière", précise le maire. "Cette note va peut-être passer de 1,5 à 3 millions d'euros, il est impératif que nous limitions notre consommation".

On ne peut pas rester sans agir et nous devons essayer de limiter notre consommation. L'éclairage public représentant environ 50% de dépense d'électricité de la ville, nous devons agir sur cette dépense.

Yves Nicolin

maire LR de Roanne

Pas d'éclairage dans la rue une bonne partie de la nuit, aux alentours de minuit ou une heure jusqu'à 6 ou 7h du matin. "Il n'y aura plus du tout d'éclairage public dans toute la ville de façon à pouvoir limiter notre consommation énergétique", indique le maire. 

Quid de la période des fêtes ? Le maire se veut rassurant : "nous ne voulons pas non plus que la ville soit triste, il y aura quand même de l'éclairage de Noël. Comme il est en LED, il consomme très peu". Sur la question de la sécurité, Yves Nicolin dit avoir entendu les réticences de certains, expliquant que la ville a fait preuve d'adaptation avec une extinction repoussée à 1h du matin les vendredis et samedis soirs. A contrario, selon l'élu, la mesure serait même plutôt positive. "Nous nous sommes renseignés : les  villes qui ont déjà expérimenté, parfois depuis plusieurs années, l'extinction de l'éclairage public en nuit profonde n'ont rencontré aucune augmentation de l'insécurité, voire même pour certaines, une baisse de l'insécurité", assure l'élu. 

L'éclairage public de la ville de Roanne compte 8000 lampadaires, la moitié seulement utilise la technologie LED, moins gourmande en énergie. La ville compte également mettre en place d'autres mesures de sobriété énergétique, dans les bureaux, les écoles ou encore des gestes du quotidien. Un plan qui sera dévoilé ce vendredi 30 septembre.

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