Saint-Etienne (Loire) : un ancien malade du cancer raconte sa lutte en vers... et contre tout

A 74 ans, Jean-Louis Gay a déjà publié six livres dont plusieurs romans régionaux. Cela lui a pris au total une dizaine d'années. Une décennie qui correspond à l'intervalle qui le sépare de sa maladie contre laquelle il a ferraillé. Grâce à l'amour des autres.

Un hymne à la vie, une ode à ces petits instants rares et magnifiques, qui dans des temps difficiles, rappellent qu’elle vaut la peine, la vie, d’être vécue, de se battre. Se battre : c’est ce qu’a vécu à sa manière Jean-Louis gay, un ancien chef d’entreprise stéphanois, atteint coup sur coup de deux cancers il y a dix ans.

La rédemption, si l’on peut dire, du moins sa capacité à résister, est directement proportionnée à la puissance de l’amour qu’il a reçue de la part des siens au fil de ces années troublées. Il le raconte, sous une forme onirique toute personnelle, dans son second livre "Vive la vie", à paraître prochainement, aux éditions lyonnaises Chroniques sociales.
Préfacé par le médecin généticien et chercheur Axel Khan, ce livre revient sur quatre années de purgatoire. A 64 ans, un cancer est détecté. Une sale bête du nom de Lymphome de Burkhitt, une tumeur qui touche l’estomac et plus largement le système digestif, si l’on ne prend pas la maladie à temps. Face à l’épreuve, on lui retire carrément son estomac pour couper court à la fulgurance probable du cancer, il s’en tire.

Une chance sur trois de vivre

"J’avais une chance sur trois de rester vivant". Parce que le sort s’acharne, Jean-Louis s’arme comme il peut. Difficile parcours pour ne pas dire impossible quand la bête, une autre, remet le couvert comme si son hôte n’avait pas suffisamment souffert…
Cette fois-ci, son cancer, puisque c’en est un, s’appelle leucémie de la moelle osseuse. Et là, de son propre aveu, ça devient franchement compliqué d’avoir envie de continuer à vivre, à se battre, chaque jour au sens littéral du terme, pour survivre plutôt. Sans savoir ce que sera la fin.

Le coût, le goût de la vie

Ces terribles passages sont décrits sous forme de vers. Dans lesquels il évoque tout ce qui fait le sel de la vie. Dans Le funambule, le premier de ses poèmes dans l’ordre chronologique du recueil, il retrace l’ampleur de cette dérive qui aura une fin finalement heureuse.

J’ai perdu tout repère au fil de mes pensées vomissant ma révolte et mes imprécations contre le sort injuste de l’animal traqué. J’ai haï Dieu, les hommes et leurs fausses religions. J’ai marché sur le fil pour vivre ou pour mourir. J’ai traversé le fil entre larmes et sourires. J’ai senti au plus près le fil du rasoir lorsqu’entre mort ou vif hésitait la sentence De l’envie d’abandon aux élans de l’espoir mon corps renoue enfin au goût de l’existence. En descendant du fil, faux héros applaudi incertain, malhabile, je réapprends la vie.

Des photos stérilisées pour tenir le coup

Jean Louis Gay, le dit sans ambages dans ses 50 textes : ce qui lui a permis de tenir, heure après heure, ce sont ses enfants pourtant dispersés pour raison professionnelle dans le monde entier. Sa femme bien-sûr est heureusement présente autant que possible. Mais pendant plusieurs mois, il est placé dans une chambre stérile où aucune visite n’est admise. La pire période de son traitement. Son seul lien durant cette période : des photos quotidiennes qu’il reçoit de ses petits-enfants.
Pour lui parvenir, avec l’accord et grâce au personnel de l’hôpital stéphanois, chaque photo est scrupuleusement stérilisée à raison d’une par jour. "Ça me donnait une raison de vivre jour après jour, par ce qu’il me fallait une raison. Si cela n’avait tenu qu’à moi, y serais-je arrivé, ce n’est pas certain", avoue-t-il.

Merci.
Pour tes larmes cachées niant ma déchéance,
pour ta voix qui apaise mes folles terreurs du soir,
pour ton rire qui efface un peu notre malchance,
pour tes mots dans la nuit contre mon désespoir…
(…)
Merci
Pour tes heures quotidiennes volées par cette guerre,
pour ta bataille menée en fière solitude, 
pour ton chemin de croix si proche de l’enfer,
pour tes doutes enfouis m’offrant la certitude…

Parmi les poèmes, quelques anecdotes sur les nombreux jeunes médecins qui se sont occupés de lui. "Pour ces médecins, j’ai bien conscience d’avoir été un terrain de mise en pratique. Je le comprends parfaitement : c’est comme cela que l’on apprend." Et de décrire avec une certaine distance des actes médicaux pas faciles à réaliser, comme la pose d’un cathéter qui prend normalement 10 minutes et a parfois demandé la bagatelle de trois quatre d’heure, au prix d’une veine assez bousculée…

On l’aura compris, l’humour est également au rendez-vous dans cet opuscule qui s’intitule sobrement Vive la vie. Ou, la vie, je t’aime ! d’un vivant qui a frôlé la mort de si près.
 
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