L'ancien chef de cabinet du maire de Saint-Etienne, Pierre Gauttieri, a été placé ce lundi 19 juin en détention provisoire pour "non-respect de son contrôle judiciaire". Ce dernier n'a pas payé dans les délais la caution fixée après sa mise en examen, a-t-on appris auprès du parquet de Lyon.
Pierre Gauttieri, ancien homme de confiance du maire de Saint-Etienne, se retrouve en détention provisoire, faute d'avoir payé sa caution judiciaire à temps. Cet homme de 54 ans n'a pas versé dans les délais 30.000 des 80.000 euros de cautionnement liés à son contrôle judiciaire, selon le parquet de Lyon.
Caution obligatoire
Dans le scandale de la vidéo intime qui agite la ville de Saint-Etienne depuis plusieurs mois, Pierre Gauttieri, italien d'origine âgé de 54 ans, a été mis en examen le 6 avril dernier des chefs de "chantage avec mise à exécution de la menace", "recel de bien obtenu à l'aide d'un détournement de fonds", "détournement de fonds publics par un dépositaire de l'autorité publique", "utilisation, conservation ou divulgation d'un document ou enregistrement portant sur des paroles ou images à caractère sexuel et obtenu par une atteinte à l'intimité de la vie privée".
À l'issue de sa mise en examen, Pierre Gauttieri a été placé sous contrôle judiciaire, comprenant notamment l'obligation de fournir un cautionnement de 80.000 euros, 30.000 euros à verser avant le 5 mai 2023 et 50.000 avant le 30 novembre, selon le parquet de Lyon.
Le 11 mai dernier, les magistrats instructeurs en charge du dossier lui avaient rappelé "cette obligation", "ce dernier n'ayant versé que 5.000 euros sur les 30.000 euros attendus au 5 mai 2023", a détaillé Nicolas Jacquet, le procureur de la République de Lyon. "Face à la persistance de la carence de l'intéressé", les magistrats instructeurs ont saisi le juge des libertés et de la détention "en vue de la révocation de son contrôle judiciaire", laquelle a été ordonnée ce lundi 19 juin avec "incarcération immédiate" du mis en examen, a-t-il précisé.
Chantage à la vidéo intime
Pierre Gauttieri, c'est l'homme de l'ombre. Il travaillait avec Gaël Perdriau depuis 2013. Il a été limogé de son poste en septembre dernier dans la foulée d'un scandale à la vidéo intime qui agite la ville et son maire Gaël Perdriau depuis l'été dernier.
L'affaire avait été dévoilée le 26 août 2022 par Mediapart. L'affaire a éclaté quand Gilles Rossary-Lenglet avait révélé au journal en ligne l'existence d'une vidéo intime tournée en janvier 2015 dans laquelle on pouvait voir le centriste Gilles Artigues, rival politique de Gaël Perdriau, se faire masser par un homme. La scène avait été filmée dans une chambre d'hôtel. La vidéo aurait été utilisée à des fins politiques pour faire chanter l'opposant au maire.
Depuis la publication de cette enquête, Gaël Perdriau, maire de Saint-Étienne, est au cœur d’une enquête judiciaire. Il est soupçonné d'être impliqué dans le tournage de la vidéo intime de son ancien premier adjoint. L'édile a toujours nié ces accusations et a même porté plainte pour "dénonciation calomnieuse" après la publication de l'enquête de Mediapart. L'élu s'est mis en retrait de ses fonctions à la métropole de Saint-Etienne. Malgré les nombreux appels à la démission, Gaël Perdriau a cependant toujours refusé de renoncer à son mandat de maire.
Quatre mises en examen
En avril dernier, les quatre protagonistes supposés dans le cadre de cette affaire dite du chantage à la vidéo intime, ont été mis en examen. Pierre Gauttieri a été mis en examen en même temps que le maire et président de la métropole de Saint-Etienne, l'ex-LR Gaël Perdriau, suspecté de "chantage", ainsi qu'un ancien adjoint municipal Samy Kéfi-Jérôme et l'ex-compagnon de ce dernier, Gilles Rossary-Lenglet.
Ancien adjoint à l'éducation, Samy Kéfi-Jérôme a démissionné de ses mandats de conseiller municipal et conseiller métropolitain en septembre 2022. L'homme qui a révélé l'affaire à Mediapart, Gilles Rossary-Lenglet avait affirmé dans une confession avoir participé à ce "barbouzage de mœurs" à la demande du maire et de son entourage, dans le but de neutraliser politiquement l'élu centriste.
Les quatre hommes ont été placés sous contrôle judiciaire. L'affaire a eu des conséquences politiques pour le maire de Saint-Etienne qui a été exclu de son parti "Les Républicains".