Affaire Perdriau. "Il pensait que c'était une vidéo tournée avec le parfait consentement de tous les acteurs", dit son avocat

Invité du 19/20 de France 3, Me Jean-Felix Luciani a réagi à la mise en examen pour chantage de son client, Gaël Perdriau. Le maire de Saint-Etienne est également placé sous le statut de témoin assisté pour des faits de détournement de fonds publics. Interview.

Au lendemain de la mise en examen de Gaël Perdriau pour chantage dans l'affaire de la vidéo intime impliquant son ancien 1er adjoint à la mairie de Saint-Etienne, de nombreuses voix politiques et citoyennes se sont levées pour exiger la démission du maire.

Invité du 19/20 de France 3 Rhône-Alpes, ce 7 avril 2023, Maître Jean-Felix Luciani, a réagi à la mise en examen de son client.

Vous avez hésité à répondre à notre invitation, qu’est-ce qui vous a décidé ?  

Je pense que ce que l’on a à dire comme avocat, on doit le réserver aux magistrats. Néanmoins sur cette affaire, j’en ai discuté avec Gaël Perdriau et je crois qu’il était utile qu’une parole contraire vienne s’opposer à ce qu’on a pu entendre chez certains élus opposés à mon client.  

Les appels à la démission se multiplient. Est-ce que Gaël Perdriau a envisagé cette option ces dernières heures ?  

À ma connaissance non. Je pense qu’il faut revenir sur des choses juridiques simples. Je suis assez surpris d’entendre des responsables politiques appeler quelqu’un à démissionner parce qu’il est mis en examen. La présomption d’innocence n’est pas une variable d’ajustement. C’est quelque chose de central dans une démocratie. Cela la sépare des régimes qui ne sont pas démocratiques. Appeler quelqu’un à démissionner en estimant qu’il est coupable, c’est faire fi de de la présomption d’innocence. 

On l’a présenté comme organisateur d’un complot, c’est faux. On le sait à ce stade.

Maitre Jean-Felix Luciani, avocat de Gaël Perdriau

On pourrait dire que c’est dans un souci d’apaisement ?  

C’est une question qu’il faudrait lui poser. Moi je peux simplement répondre sur ce pourquoi il est mis en examen. Il est poursuivi pour chantage pour des faits qui commencent en septembre 2016. Il n’échappera à personne que les vidéos dont on parle auraient été tournées en janvier 2015. Cela signifie qu’à ce stade, qui est provisoire par définition puisque nous sommes à un stade d’instruction, que les magistrats ont estimé qu’il ne pouvait pas être inquiété comme auteur ou commanditaire d’une quelconque vidéo. C’est quelque chose qui est déjà fondamental. On l’a présenté comme organisateur d’un complot, c’est faux. On le sait à ce stade. 

Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?  

Le premier point, c’est qu’il est mis en examen pour des faits à partir de septembre 2016 et non à partir de 2015. La différence est importante juridiquement. Deuxièmement, il est témoin assisté sur les faits de détournement de fonds publics. C’est essentiel car ces subventions auraient été accordées pour rémunérer celui qui a filmé cette fameuse scène. Or pour ça il n’est pas considéré comme impliqué. Par ailleurs que ces subventions soient accordées dans ce but est à mon avis tout à fait contestable et ne résisteront pas à l’analyse finale.  

Gaël Perdriau a publié un communiqué dans lequel il conteste toujours cette accusation. Il écrit qu’il apportera bientôt la preuve de son innocence au cours de la procédure. De quelle preuve parle-t-il ? 

Les enregistrements ne sont qu’une partie du dossier pénal. Il y a une tout autre partie. J’attire votre attention sur le fait que Gaël Perdriau a accepté d’être interrogé par des juges pendant des heures en ayant une connaissance superficielle du dossier puisque nous venions d’en prendre connaissance. Il n’a pas besoin de le connaitre pour dire ce qu’il a à dire.  

Bien sûr il existe des enregistrements, mais voilà quelqu’un qui a été enregistré pendant six, huit ans par deux personnes différentes. Il n’aura échappé à personne qu’il n’y a pas d’enregistrement où on entendrait Gaël Perdriau dire “si tu ne fais pas ça, je fais telle chose avec l’enregistrement. Vous n’avez pas ça [dans le dossier, ndlr].

Gaël Perdriau conteste-t-il toujours avoir eu connaissance de cette vidéo ?  

Il a confirmé, jeudi 6 avril, à plusieurs reprises n’avoir jamais vu cette vidéo. Il ne conteste pas en avoir eu connaissance, il sait qu’elle a eu lieu. Ce qu’il conteste, c’est qu’il aurait pu penser que cela aurait pu être un piège. Il pensait que c’était une vidéo tournée avec le parfait consentement de tous les acteurs de ce film qui, à coup sûr, pose des difficultés qui font que la justice s’y intéresse aujourd'hui.  

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