Lucas Housset et sa compagne Marie Martin-Martinez ont inauguré leur auberge à la veille de l'annonce de la fermeture des bars et restaurants décrétée par le gouvernement. Comment a rebondi le jeune restaurateur ligérien? Le jeune couple ne manque pas de motivation en attendant la reprise.
Coup du sort ou malchance ... pour l’Auberge de Lupé, près de Maclas, dans le Pilat. L’établissement a connu un coup d’arrêt avec la crise du Coronavirus. Mais Lucas et Marie, aux commandes de l'Auberge ligérienne, ne veulent pas baisser les bras.
L'Auberge de Lupé ... sitôt inaugurée, sitôt fermée
Lucas Housset est un enfant du pays. Il a grandi et joué à Maclas, commune rurale de la Loire. Et lorsqu'il a vu que l'auberge de Lupé était en vente, il a sauté le pas avec sa compagne Marie Martin-Martinez. C'était en septembre dernier. Après l'achat du fonds de commerce et des travaux, le jeune couple se préparait à ouvrir aux clients. Pour l'inauguration, nos restaurateurs avaient mis les petits plats dans les grands et avait même organisé un concert inaugural... mais c'était sans compter sur la crise coronavirus!
Il faut dire que le jeune homme, qui venait tout juste de rentrer au pays pour s'installer près de sa famille après deux années passées en Haute-Savoie, a joué de malchance. Son dernier jour de travail en tant que salarié, c'était le 29 février et l'inauguration de son restaurant, un vendredi 13 ! Son auberge qui aurait dû accueillir ses premiers clients le lundi 16 mars n'a même pas eu le temps d'ouvrir! Le jeune homme de 24 ans, qui n'a pas dû consulter le bon astrologue avant de se lancer dans son projet entrepreneurial, a gardé le sourire et une bonne dose d'énergie.
Mais si Lucas reste optimiste, sa première réaction le soir du 14 mars a été toute autre. "Le soir même, sur le coup, j'ai pleuré !" avoue le jeune homme, "j'avais tout quitté, démissionné, perdu un emploi et une situation professionnelle." Et d'ajouter, "j'avais prévu du stock pour toute la semaine et à ce moment-là, on ne savait même pas si on allait pouvoir faire de la vente à emporter pour maintenir notre activité !"
La vente à emporter : une solution temporaire
Malgré cette fermeture de tous les restaurants et bars de France, annoncée le samedi 14 mars à 19h et effective le jour même à minuit, Lucas et sa compagne Marie ont décidé d'aller de l'avant. Quelques jours seulement après le début du confinement, le couple a commencé à proposer des plats à emporter ou à effectuer des livraisons à domicile.
Sur la page Facebook du restaurant, on trouve commentaires élogieux et remerciements des clients. Et pas de relâche ce vendredi 1er mai. L'Auberge de Lupé proposait aujourd'hui un alléchant plat de "Crevettes au curry et lait de coco"... chaque jour, un menu différent, à petit prix. Et devant le succès de ses burgers du samedi, il a fallu proposer plusieurs formules.
Même si l’Auberge rate l’effet « curiosité » du lancement, cette crise a amené une autre clientèle, celle des petites entreprises du secteur, à découvrir un établissement qui veut privilégier les produits locaux comme la viande de la boucherie du village. La vente à emporter permet aujourd'hui au jeune patron de payer les factures des travaux et surtout de continuer à travailler. Mais elle ne lui permet pas de voir l'avenir sereinement.
Situation financière difficile et solidarité
"Vous alors, vous n'avez pas eu de chance!" ou encore "vous avez bien choisi votre jour pour ouvrir !". Ces petites remarques, prononcées par de nombreux clients désolés, aujourd'hui Lucas s'en amuse. C'est aussi la preuve qu'au village on s’inquiète pour le jeune couple de restaurateurs. Autour de lui, la solidarité s'est organisée: "le garage du village nous a prêté un véhicule pour pouvoir faire nos livraisons, le maire s'est renseigné auprès de la préfecture pour savoir si on avait la possibilité de faire de la vente à emporter...." raconte le jeune homme.
Malgré cette solution provisoire, la situation financière n’est pas reluisante. Pas de salaire pour le restaurateur qui vit sur "ce qui lui reste d'économies". Très vite, il s'est tourné vers le Numéro Vert unique mis à disposition par la région Auvergne Rhône-Alpes pour savoir s’il était éligible à une aide. La région annonçait au début du confinement "un plan de 600 millions euros pour aider l'économie". "J'ai bien eu une personne au téléphone et on devait me rappeler dans la semaine," confie le restaurateur "mais j'attends toujours une réponse!" Le jeune homme en a conclu qu'il n'avait droit à rien!
Et si la situation devait durer? Lucas Housset n’a pas l’intention d’abandonner et de fermer son établissement. C'est un peu son rêve de gosse. Il respectera les mesures sanitaires imposées et si elles sont trop strictes, il entend aussi poursuivre les ventes à emporter. Moins de tables et moins de clients mais "on s’adaptera !"